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Chrome

Le Chrome est à la fois essentiel au bon déroulement de certains processus biologiques à très faible dose, mais également toxique pour l’organisme. Quels sont ses rôles biologiques ? Quelles en sont les meilleures sources ? Quel dosage prendre ? Quels sont les symptômes d’une carence et d’un surdosage ? Possède t-il des bienfaits médicinaux ? Comment bien choisir son chrome en gélule ? Apprenez à connaitre ce minéral et ses bienfaits en parcourant les lignes de ce résumé d’études. Ce dernier ne remplace pas l’avis d’un médecin attention.

ChromeChrome, allié des diabétiques

Stocké en quantité infime dans notre organisme –notamment dans la peau, le cerveau et les reins–, le chrome est un oligo-élément non essentiel, mais toutefois indispensable pour certains processus biologiques de notre corps. En tant que tel, ce n’est pas vraiment sa teneur qui compte, mais plutôt sa présence et ce, même à l’état de trace. Il faut noter que, à une quantité trop élevée, cette molécule chimique est toxique. D’ailleurs, elle ne peut pas être assimilée par l’organisme sous sa forme inorganique. Les aliments que nous consommons au quotidien constituent les seules sources qui nous permettent d’en bénéficier. Malheureusement, les procédés de transformation et d’agriculture modernes qu’ils subissent les ont totalement dénaturés. Les produits alimentaires raffinés et non biologiques, bases de notre régime alimentaire actuel, sont trop pauvres en chrome et en d’autres éléments nutritifs.

Présentation du chrome

Structure chimique et états d’oxydation

Le chrome est connu sous le symbole Cr et le numéro atomique 24. Sa masse molaire est de l’ordre de 51,9961u.

Cet élément chimique possède 26 isotopes, dont 4 stables à savoir les istopes 50 Cr, 52 Cr, 53 Cr et 54 Cr les plus abondants et présents dans la nature, 22 isotopes instables dont la masse oscille entre 42 et 67, ainsi que 2 isomères nucléaires.

Sa dénomination vient du terme grecque « chroma » qui est littéralement traduit en français par « couleur ».

Seul le chrome trivalent est non toxique pour l'organisme humain
Seul le chrome trivalent est non toxique pour l’organisme humain

Le chrome se décline en plusieurs corps composés, dont les plus abondants et les plus connus sont Cr2+ ou Cr II, Cr3+ ou Cr III et Cr6+ ou Cr VI. Les états d’oxydation Cr4+ ou Cr IV et Cr5+ ou Cr V sont rares. C’est le Cr3+, dit chrome trivalent qui est visible dans notre organisme et qui fait l’objet des observations scientifiques. Cette forme plus stable est qualifiée de trivalente car elle est capable de se lier avec d’autres atomes grâce à ses trois liaisons chimiques. (1)

Les autres formes ne peuvent pas être retrouvées ni administrées dans l’organisme humain, en raison de leur toxicité. Le Cr6+ ou le chrome hexavalent, par exemple, est la forme utilisée dans le domaine industriel. C’est le métal résistant à la couleur argentée qui équipe les véhicules à deux roues, les mobiliers au design moderne, ou encore certains bâtiments. Ici, il intervient dans les alliages en tant que métal grâce à sa haute résistance au ternissement et à la corrosion.

Rôle biologique

Par rapport aux autres métaux de la même famille (cuivre, fer, manganèse, etc), le chrome trivalent ou Cr3+ est plus stable et donc peu susceptible d’intervenir dans des réactions biologiques.

Ce minéral est surtout connu pour son rôle : régulateur de glycémie. Même son véritable mécanisme d’action dans ce cadre n’est pas encore entièrement compris à ce jour. En effet, selon les diverses observations scientifiques, aucune trace de cet oligo-élément n’a été remarquée dans une protéine ayant une activité biologique, contrairement aux autres minéraux. Ses rôles dans la régulation du sucre, d’après les observateurs, sont d’assurer le transport d’insuline produite par le foie et d’activer les récepteurs d’insuline grâce à l’intervention d’une protéine, appelée chromoduline. (1)

Cet oligo-élément entre indirectement dans le métabolisme des glucoses, des protéines et des lipides.

Sources de chrome et apport recommandé

Les apports nutritionnels journaliers recommandés dans la consommation de chrome ne sont pas encore réellement établis, en raison du manque de données scientifiques. Ils dépendent notamment du mode de vie et de l’habitude alimentaire de la population concernée. Pour la France par exemple, des références nutritionnelles considérées par l’Afssa (Agence française de sécurité sanitaire de l’alimentation) comme trop élevées –difficiles à atteindre– ont été établies en 2000.

Les scientifiques de l’IOM (Institut de Médecine Nord-américain) ont aussi avancé leurs références nutritionnelles en Cr3+, basées sur les apports journaliers moyens et spontanés d’un échantillon de population en bonne santé. Voici les besoins en chrome en fonction de l’âge et du sexe, d’après ces experts (2) :

– Enfants âgés de 12 mois à 3 ans : 11 µg/j
– Enfants de 4 à 8 ans : 15 µg/j
– Filles de 9 à 13 ans : 21 µg/j
– Garçons de 9 à 13 ans : 25 µg/j
– Adolescentes de 14 à 18 ans : 24 µg/j
– Adolescents de 14 à 18 ans : 35 µg/j
– Femmes de moins de 50 ans : 25 µg/j
– Hommes de moins de 50 ans : 35 µg/j
– Femmes de plus de 50 ans : 20 µg/j
– Hommes de plus de 50 ans : 30 µg/j
– Femmes enceintes : 30 µg/j
– Femmes allaitantes : 45 µg/j.

Meilleures sources de chrome : ail séché, brocoli, farine complète, jus de raisin, ...
Meilleures sources de chrome : ail séché, brocoli, farine complète, jus de raisin, …

Cet oligo-élément est visible à une teneur infime dans la plupart des aliments que nous consommons. Toutefois, les fruits, les légumes, les produits céréaliers complets et la viande de bœuf en renferment un peu plus que les autres. Voici une petite liste des produits alimentaires dont la teneur en Cr3+ est élevée (3) :

– Ail séché : 60 µg/100g
– Brocoli : 18,3 µg/100g
– Farine complète : 8 µg/100g
– Jus de raisin : 3,3 µg/100g
– Viande de bœuf : 2,4 µg/100g
– Poitrine de dinde : 2,4 µg/100g
– Pomme de terre en purée : 2 µg/100g
– Haricot vert : 1,6 µg/100g
– Banane : 1 µg/100g
– Jus d’orange : 0,8 µg/100g
– Pomme : 0,7 µg/100g.

Dosage du chrome dans le sang

Il est important de noter que les analyses sanguines ne permettent pas de définir le taux réel de chrome dans l’organisme. Le taux sanguin ne reflète pas en réalité le véritable niveau de cet oligo-élément dans tout l’organisme. Les réserves naturelles normales s’élèvent entre 4 et 6 mg. Et comme il a été dit, ses principaux lieux de stockage étant les tissus cutanés et certains organes comme les reins et le cerveau. Cette valeur tend à diminuer avec l’âge. Bien que ce minéral ne soit pas un oligo-élément essentiel, sa carence comme son excès peut cependant causer certains problèmes de santé. Donc, sa consommation ne doit pas être négligée.

Quels sont les symptômes d’une carence en chrome ?

Compte tenu du manque d’observations scientifiques, aucune preuve réellement convaincante n’a pu confirmer les véritables effets d’une carence en cet oligo-élément sur la santé. Au cours de certaines expériences comme cet essai clinique mené à l’aube des années 80, il a toutefois été remarqué quelques symptômes liés à une déficience en chrome chez un groupe de patients nourri par voie parentérale sur une longue durée. Malgré un apport calorique journalier suffisant, ces sujets présentaient ces symptômes, à savoir : perte de poids non expliquée malgré un apport calorique élevé, encéphalopathie, forte intolérance au glucose, résistance à l’administration d’insuline et névrite périphérique. Ces signes ont totalement disparu lorsque quelques injections journalières de ce minéral ont été effectuées. (4)

À part tout cela, un sous-dosage de Cr3+ dans l’organisme peut également entrainer des troubles du métabolisme des protéines, des lipides et des glucides. Les risques de contracter du diabète ou des maladies cardiovasculaires sont aussi accrus.

Quels sont les symptômes d’un excès de chrome ?

Aucune des autorités sanitaires à l’instar de l’Afssa, l’IOM ou encore l’EFSA (European Food Safety Authority) n’a établi de limite concernant l’administration de cet oligo-élément au quotidien. Le Cr3+ naturellement présent dans nos aliments ne présente aucun danger pour l’organisme et est facilement assimilable. Un surdosage peut toutefois se manifester en cas de prise inadaptée ou bien abusive de compléments alimentaires enrichis en ce minéral.

Les symptômes liés à l’excès de Cr3+ sont plus faciles à détecter. Le patient ayant administré une dose élevée de cet oligo-élément présente des réactions inflammatoires au niveau de sa peau et de ses muqueuses. L’inhalation de ce produit peut irriter la muqueuse nasale, voire entrainer un cancer de poumon. (5)

Quelles sont les propriétés médicinales du chrome ?

Ce minéral a-t-il un impact sur le diabète de type 2 ?

Chrome, effet positif sur le diabète grâce à son rôle régulateur de glycémie
Chrome, effet positif sur le diabète grâce à son rôle régulateur de glycémie

Pas mal d’études scientifiques non randomisées, visant à déterminer les effets de cet oligo-élément sur le diabète de type 2, ont été menées ces dernières décennies. Quinze d’entre elles ont été compilées dans cette méta-analyse publiée en 2002. Ses grandes lignes mettent en avant les résultats apportés par la prise de chrome en tant que complément alimentaire chez des sujets en bonne santé et ceux souffrant d’intolérance au glucose.

Parmi les expériences qui y sont présentées, cet essai clinique mené sur 155 personnes diabétiques en Chine a fourni plus de preuves tangibles. L’utilisation de suppléments à base ce minéral chez ces patients a conduit à la baisse des taux de glycémie et d’insuline. Les autres textes scientifiques n’ont pas vraiment expliqué les véritables relations qui existent entre la prise de ce supplément et la baisse de taux de sucre sanguin. (6)

Les résultats de ces études sont encourageants, mais il est encore tôt pour conclure sur l’efficacité de ce minéral contre le diabète. Des essais cliniques de plus grande envergure sont essentiels avant de pouvoir la confirmer.

A-t-il un effet sur les lipides sanguins ?

En se basant sur le fait que cet oligo-élément intervient dans le métabolisme des lipides, des scientifiques ont aussi essayé de voir son efficacité chez des sujets d’âges avancés ayant des anomalies concernant leur bilan lipidique sanguin, ou dyslipidémie.

Ces deux essais cliniques notables ont entre autres mis en évidence l’efficacité d’une dose de Cr3+ allant de 200 à 1 000 µg par jour. Cette supplémentation a entrainé une baisse significative des taux de cholestérol total, de LDL (mauvais cholestérol) et de triglycérides des individus soumis au traitement. Leur niveau de HDL (bon cholestérol), par contre, a augmenté. (7)(8)

Des études complémentaires sur l’homme restent toutefois nécessaires pour confirmer cette propriété. Le peu d’observations cliniques menées sur ce minéral ne suffisent pas en effet.

Le chrome agit-il sur la perte de poids ?

Un autre bienfait souvent entendu parler de cet oligo-élément est sa capacité à favoriser la perte de poids et lutter contre le surpoids et l’obésité. Mais qu’en pensent les scientifiques à ce sujet ? Jusqu’à ce jour, de telles allégations santé ne sont pas encore réellement justifiées. Quelques-unes des publications scientifiques se portant sur cet oligo-élément en ont parlé, mais malheureusement les méthodes qu’ils ont adoptées pour le prouver ne sont pas fiables. Ces expériences sont soit effectuées sur un faible échantillon d’individus, soit sur une durée trop courte pour obtenir des résultats probants.

Quelques-unes de ces expérimentations sont détaillées dans cette méta-analyse de 2003, qui a surtout souligné l’effet minceur du picolinate de chrome en favorisant la combustion des graisses et en augmentant la masse musculaire (9). Le manque d’études observationnelles ne permet pas de confirmer la réelle efficacité de cette molécule naturelle sur la perte de poids. Il nous faut d’autres preuves scientifiques avant d’émettre une conclusion.

Bien choisir son chrome en gélules

Chrome en gélule ou comprimé, privilégiez ceux ayant une meilleure capacité d'absorption et biodisponibilité
Chrome en gélule ou comprimé, privilégiez ceux ayant une meilleure capacité d’absorption et biodisponibilité

Présenté sous sa forme inorganique, autrement dit lorsque ce minéral est extrait d’un contexte vivant et isolé à la manière de la plupart des composés actifs, il ne peut pas être absorbé par l’organisme donc ne peut pas assurer ses différentes fonctions. Il faut recourir soit aux aliments gros apporteurs de cet oligo-élément, soit à sa forme assimilable par le corps dite chrome actif.

Parmi ses formes actives commercialisées sur le marché, il y a :

– la chlorure de chrome, qui est une forme de Cr3+ liée de façon inorganique ;
– le picolinate de chrome, qui est un complexe de chrome trivalent stable produit par synthèse chimique et mélangé à de l’acide picolinique ;
– le citrate chromique, qui est un chrome organique de synthèse sous forme de complexe avec le citrate ;
– le nicotinate de chrome, qui est un chrome organique de synthèse sous forme de complexe avec le nicotinate ;
– le chrome de levure de bière, une forme de Cr3+ liée organiquement de façon naturelle aux acides aminés de la levure.

Comme cet oligo-élément est difficile à assimiler par le tractus gastro-intestinal, les fabricants doivent recourir à sa complexation afin d’optimiser sa capacité d’absorption. Le citrate, l’acide picolinique et le nicotinate, utilisés dans sa conception, facilitent son assimilation. Toutefois, il a été remarqué que le chrome de levure de bière plus naturel, exactement comme celui que l’on trouve dans nos aliments de tous les jours, est 10 fois plus assimilable et doté d’une meilleure biodisponibilité.

Chrome : Quelle est la posologie efficace ?

La posologie à prendre durant le traitement dépendra de la maladie à traiter :

200 µg par jour en cas d’hypoglycémie réactive,
400 à 600 µg par jour en cas de diabète de type 2 provoqué par la prise de Stéroïdes,
200 à 1 000 µg par jour en cas d’hypercholestérolémie et d’hypertriglycéridémie, ainsi que pour contrôler le taux de glycémie.

Lorsque ce complément alimentaire est administré selon les doses prescrites, il n’y a aucun risque d’effets secondaires. Quelques réactions indésirables ont été toutefois remarquées chez certains patients, mais dans des cas rares, telles que céphalées, gain de poids, troubles du sommeil et irritabilité. Pour votre sécurité, demandez toujours un avis médical avant tout traitement.

Sa prise est contre-indiquée chez les sujets ayant des problèmes hépatiques et d’insuffisance rénale.

Il faut aussi noter que cet oligo-élément peut interagir avec d’autres principes actifs, tels que la vitamine C qui augmente sa capacité d’absorption et le zinc qui la diminue. Soulignons que ces dosages sont donnés à titre d’information. Seul votre médecin traitant est habilité à vous prescrire le dosage adéquat. Un suivi médical est conseillé tout au long des traitements.

Références

(1) European Food Safety Authority (EFSA) « EFSA, Panel on Dietetic products nutrition and allergies. Scientific opinion on dietary reference values for Chromium ». EFSA Journal 2014;12(10):3845.
(2) Institute of Medicine, Food and Nutrition board. Dietary reference intakes for Vitamin A, Vitamin K, Arsenic, Boron, Chromium, Copper, Iodine, Iron, Manganese, Molybdenum, Nickel, Silicon, Vanadium and Zinc. National Academy Prss, Washington DC, 2001.
(3) RA Anderson et al. « Dietary chromium intake : freely chosen diets, institutional diets and individual foods ». Biol Trace Elem Res. 1992; 32:117-21.
(4) J Clausen. Chromium induced clinical improvment in symptomatic hypoglycemia. Biol Tr Ele Res 1988, 17:229-236.
(5) Chrome – Encyclopédie Universalis.
(6) Althuis MD et al. « Glucose and insulin responses to dietary chromium supplements : A meta-analysis ». Am J Clin Nutr.2002.
(7) J. Hermann & al. Effect of chromium supplementation on plasma lipids, apolipoproteins, and glucose in elderly subjects. Nutr Res. 1994; 14: 671-674.
(8) J.R. Roeback & al. Effects of chromium supplementation on serum high-density lipoprotein cholesterol levels in men taking beta-blockers. A randomized, controlled trial. Ann Intern Med. 1991; 115: 917-924.
(9) M.H. Pittler & al. Chromium picolinate for reducing body weight: meta-analysis of randomized trials. Int J Obes Relat Metab Disord. 2003; 27: 522-529.