Santé Science
Santé Science » Acides aminés » Pyrrolysine

Pyrrolysine

Les acides aminés sont une famille de micronutriments, aux côtés des vitamines, minéraux et acides gras, indispensables à la vie. La pyrrolysine est le 22ème acide aminé qui entre dans la fabrication de protéines, elle se trouve tout juste après la sélénocystéine. Cet amino acide est codé génétiquement de façon inhabituelle. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle on ne le retrouve que dans certaines bactéries et dans les archées méthanogènes. La science recherche encore les bienfaits directs de la pyrrolysine sur le corps. Ce dossier présente les particularités et propriétés médicinales connues de ce composé. Attention à ne pas confondre ceci à un conseil médical.

Présentation de la pyrrolysine

pyrrolysine
La pyrrolysine est uniquement visible dans les bactéries et les archées

Les publications scientifiques qui évoquent la pyrrolysine sont encore peu nombreuses. En fait, sa découverte ne date que de quelques années, de 2002 plus précisément. Les acides aminés sont des molécules qui entrent dans la composition des protéines. La pyrrolysine est un acide aminé particulier, car contrairement à ses compères, il est encodé sur les ARN messagers par le codon UAG. Or, ce dernier est un codon-stop « ambre » dans la plupart des organismes vivants. La lecture de ce codon-stop par le ribosome provoque l’arrêt de la synthèse protéique.

Cet acide α-aminé est un dérivé de la lysine et ne peut être trouvé que dans les bactéries et les archées. Ces derniers sont des micro-organismes unicellulaires procaryotes, c’est-à-dire sans organite ni noyau. Chez l’Homme, on les rencontre dans la flore intestinale et orale, ainsi que dans le nombril.

La pyrrolysine : Quels sont ses bienfaits et rôles ?

En raison du manque d’études scientifiques, il est encore trop tôt pour parler des bienfaits sur la santé de la pyrrolysine chez l’Homme. La science a toutefois avancé ses rôles et les effets bénéfiques qu’elle peut apporter indirectement dans notre métabolisme.

Cet acide aminé peut-il contribuer dans la fonction des sélénoprotéines ?

L’une des qualités de cet amino acide est son rôle dans les différentes fonctions des sélénoprotéines. La pyrrolysine est indispensable au bon fonctionnement de ces composés. Marc Peschanski, neurobiologiste, neurologue et directeur de recherche à l’INSERM, a étudié les différents codages génétiques et la synthèse des protéines par les ribosomes, permettant d’identifier les actions de la pyrrolysine.

Il a été remarqué qu’avec la sélénocystéine, la pyrrolysine peut améliorer la fonction des sélénoprotéines. En effet, il possède la capacité à insérer une des molécules de sélénocystéine sur une chaîne protidique. C’est d’ailleurs cette qualité qui a attiré l’attention des scientifiques. Une sélénoprotéine est une protéine assurant d’importants rôles au sein de l’organisme. Chez l’Homme, on en compte 25, dont l’un des plus connus est le glutathion peroxydase. À titre de rappel, il s’agit d’un puissant antioxydant qui a le pouvoir de lutter contre un grand nombre de radicaux libres néfastes à l’ADN. (1)

Il faut plus d’études cliniques toutefois avant de confirmer cette propriété.

Contribue-t-il dans la fonction intestinale ?

La pyrrolysine est uniquement visible dans les archées de l’intestin. Chez l’Homme, ce sont les souches de Methanomassiliicoccus luminyensis et Methanosarcina barkeri qui en renferment. À l’instar des bonnes bactéries qui colonisent le tube digestif, ces micro-organismes participent à la digestion des aliments. Ces archées contribuent, en outre, à la protection de l’intestin (en empêchant l’invasion d’organismes pathogènes dans les cellules) et à la production de certaines vitamines, telles que la vitamine K.

Pour le moment, il n’existe pas de suppléments de pyrrolysine, bien que cet acide aminé puisse être synthétisé à partir de la lysine. Notre organisme n’en a en fait pas besoin pour bien fonctionner. Cependant, pour maintenir sa présence et celle des archées dans la flore intestinale, il faut privilégier une alimentation riche en fibres. Certaines publications ont avancé les bienfaits d’une alimentation de type « régime méditerranéen », qui privilégie les produits de la mer et limite la consommation de viande rouge sur le microbiote. Il faut, par ailleurs, limiter la prise d’antibiotiques. (2)

D’autres essais cliniques demeurent toutefois nécessaires avant de confirmer cette qualité thérapeutique. Les études scientifiques qui ont mis en évidence cette propriété à améliorer la fonction intestinale ne comptent que très peu. Ce qui ne nous permet pas de conclure sur quoi que ce soit.

Utilisation de la pyrrolysine pour ses bienfaits

Notre alimentation est la principale source d’acides aminés, on en retrouve notamment dans les aliments riches en protéines. En effet, en plus des glucides et des lipides, les protéines sont indispensables au bon fonctionnement de l’organisme. Le rôle des acides aminés est primordial, ils assurent de nombreux bienfaits sur la santé : apport en énergie, reconstruction musculaire, réparation des ongles, des cheveux et de la peau…

Notre organisme n’a pas besoin de la pyrrolysine pour être en bonne santé, puisque cet acide aminé n’est pas présent de manière naturelle dans le corps. Donc, on ne parle ici ni de supplémentation, ni d’apport journalier. En outre, les études scientifiques menées sur ce composé chimique sont encore en cours pour analyser l’effet spécifique de cet amino acide sur la santé. Il faudra encore attendre d’en savoir plus, pour parler des bienfaits de la pyrrolysine sur le corps et de ses différentes utilisations chez l’Homme.

Il existe cependant des compléments alimentaires dont la composition en acides aminés comprend de la pyrrolysine, au côté de la glycine, de la cystéine, de la sérine ou encore de la lysine. La prise de complément alimentaire ne dispense pas d’une hygiène de vie correcte ainsi que d’une alimentation équilibrée. Boire de l’eau et consommer des aliments riches en glucides, protéines et lipides offrent de l’énergie à votre corps.

Références

(1) Jean-Claude Monfort. « Vieillir, risques et chances : Petit traité de psycho-gérontologie ». Lavoisier Médecine. 2015
(2) Dr Ali Keshavarzian et Ece A. Mutlu. « Complementary and alternative medicine in inflammatory bowel disease ». Gastroenterology Clinics of North America. 2017.