Utilisé principalement en art culinaire, le Ginseng se trouve être un excellent remède naturel pour soigner divers maux. Mais il faut cependant bien choisir les variétés en fonction de leurs bienfaits. Quelles sont ces différentes variétés de ginseng et que nous apportent-elles ? Quelles sont les mesures de précaution à prendre lors des traitements à base de ce produit naturel ? Ce billet révèle les bienfaits santé de cette racine, d’après les études scientifiques les plus notables. Attention, il ne s’agit aucunement ni d’une prescription ni d’un avis médical.
Sommaire
Ginseng, une véritable panacée
Plante vivace appartenant à la lignée des Araliaceae, le ginseng est célèbre pour ses racines aux propriétés thérapeutiques multiples, et à sa saveur particulière, appréciée en cuisine pour relever le goût de certains plats.
Les espèces de ginseng sont nombreuses, mais toutes n’apportent pas les mêmes bienfaits. Ainsi, dans l’univers de la phytothérapie, seulement quatre d’entre elles sont célèbres pour leur capacité à traiter les petits bobos du quotidien. De plus, elles sont recommandées fréquemment par les thérapeutes comme suppléments alimentaires. Ces variétés dites « Panax » portent bien leur nom générique ; puisqu’en langage courant cela signifie « panacée », c’est-à-dire « remède universel capable de guérir tous les maux aussi bien corporels que mentaux ». D’ailleurs, « Panax » est tiré des mots grecs « Pan » et « Akos » signifiant respectivement « tout » et « remède ».
Avant de présenter ci-après les bienfaits des principales espèces de ginseng utilisées en phytothérapie, il convient de noter que certaines plantes peuvent également porter ce nom, sans toutefois appartenir à la famille des Araliaceae. Tel est le cas du ginseng de Sibérie, dont la forme est proche du Panax ginseng, mais qui n’a rien à voir avec ce dernier ; ou encore le ginseng indien, appelé aussi ashwagandha.
Comparaison des différentes variétés de ginseng :
1- Ginseng coréen
Nom scientifique : Panax ginseng
Essentiellement cultivée en Corée, cette première espèce se décline en deux types, à savoir le ginseng rouge et le ginseng blanc. On les reconnaît scientifiquement pour leurs actions antioxydantes, anti-inflammatoires, tonifiantes et stimulatrices du système nerveux (1)(2)(3). Néanmoins, le ginseng rouge demeure plus puissant, selon les diverses constatations.
Comme bon nombre de racines, il est à noter que ce rhizome contient en général diverses variantes de saponines, sous une forme dite « ginsénosides » ou « panaxosides ». On les considère comme étant les principaux principes actifs à l’origine de ses vertus médicinales. Il faut reconnaître que ces deux formats ne présentent pas les mêmes variétés de ginsénoside ni la même efficacité, en raison de leurs procédés de traitement totalement différents. Pour mieux comprendre les différences qui existent entre ces deux types, il convient d’évoquer leurs principes de traitement et les molécules actives qu’ils contiennent.
Ginseng rouge ou hongsam
Particularités et apparence : La plupart des ginsengs rouges proposés sur le marché proviennent notamment d’Asie du Nord-est. Cette première déclinaison de ginseng coréen est obtenue après épluchage et une cuisson à vapeur, à une température de 100°C environ. Souvent, on ajoute lors de la préparation d’autres ingrédients, tels que du sucre, afin d’améliorer son goût et optimiser sa conservation. Ce procédé de traitement lui permet de garder sa couleur rougeâtre.
Le hongsam présente une allure bien développée lorsque la racine arrive à maturité : droite ou anthropomorphe (avec des jambes et des bras rappelant la morphologie d’un homme).
Principes actifs : Le hongsam est la seule forme de ginseng qui renferme une teneur importante de saponines, dont 32 variétés ont été identifiées. Une grande part de ses saponines de type Rg a pu être conservée grâce à sa méthode de préparation. Cette cuisson à une température élevée a toutefois entraîné une importante dégradation de ses saponines de type Rb.
Ce rhizome contient aussi de la vitamine D, et des polysaccharides, dont des panaxanes ou quinquefolanes.
Bienfaits thérapeutiques : La présence en grande quantité de saponines de type Rg dans le hongsam lui confère des propriétés énergisantes, toniques et stimulantes des défenses immunitaires. Les expériences scientifiques menées sur cette racine ont prouvé sa capacité à revigorer l’organisme en cas de fatigue générale, physique intense et intellectuelle. Ce n’est donc pas étonnant si elle est utilisée, et reconnue officiellement, depuis plusieurs siècles comme boisson énergisante (4).
Le hongsam est également un puissant stimulant efficace dans le traitement des troubles sexuels. En tant qu’adaptogène, cette racine jouerait non seulement un rôle de fortifiant, mais en plus agit sur les hormones, notamment les hormones sexuelles mâles, en stimulant leur production. Il est à noter que le ginseng est reconnu avoir des effets sur les glandes endocrines, et agit comme un aphrodisiaque (5).
En outre, utilisée comme supplément à l’alimentation chez de patients diabétiques de type 2, cette médication naturelle a agi bénéfiquement sur le taux de glycémie sanguin, d’après certaines expériences scientifiques (6)(7). D’autres études cliniques sont toutefois essentielles avant de confirmer ces qualités thérapeutiques.
Ginseng blanc
Particularités et apparence : Le ginseng blanc nous provient du continent américain. Cette forme de ginseng, avec une coloration blanche ou jaunâtre, est obtenue par séchage du Panax ginseng au soleil, après l’avoir pelé. La lumière du soleil est donc la cause de cette décoloration.
Ce procédé de traitement a cependant pour but de réduire sa teneur en eau d’environ 12 %, voire moins, pour une meilleure conservation.
Cette racine présente une forme allongée et unilatérale, ou avec des radicelles latérales qui apparaissent à partir d’un certain âge (cinquième ou sixième année).
Principes actifs : À la différence du hongsam, le ginseng blanc contient plus de saponines de type Rb, que de types Rg. En tout, celui-ci renferme près de 20 à 24 variétés de ces principes actifs. Elles varient toutes selon les techniques d’agriculture adoptées, le milieu dans lequel la plante s’est développée ou encore sa maturité. Une très grande partie des saponines de type Rg a été dégradée sous l’effet des rayons de soleil et de la déshydratation.
Bienfaits thérapeutiques : La teneur importante en saponines Rb1 dans le ginseng lui offre un effet équilibrant vis-à-vis de l’organisme. En effet, celui-ci est très indiqué pour soulager les tensions nerveuses, les crises d’angoisse, l’anxiété ou autres troubles émotionnels et psychiques. Ainsi, la consommation de ginseng blanc apporterait un équilibre aux fonctions physiologiques, de notre corps.
Certaines expériences scientifiques ont par ailleurs montré ses actions sédatives et apaisantes. Son utilisation chez des sujets ayant des problèmes de surmenage, de stress, des troubles du sommeil, et de l’humeur a apporté des résultats positifs. Les saponines du groupe Rb ont agi comme un sédatif, du fait de leurs structures fortement similaires aux hormones antistress de l’organisme (5). Ces propriétés médicinales intéressantes nécessitent toutefois encore plus d’études cliniques sur l’homme. Comme la plupart des observations ont été conduites sur des modèles animaux, nous ne pouvons pas pour le moment les confirmer.
Pour en savoir plus, lisez notre article : reconnaître le vrai ginseng coréen du faux
2- Le chinois
Nom scientifique : Panax notoginseng, Panax Pseudoginseng
Particularités et apparence : Le ginseng chinois, appelé aussi « San Qi » ou « Sanchi » est originaire de Chine. On le cultive plus particulièrement dans le centre et le sud du pays. Ses premières utilisations en tant que médication naturelle, grâce à son action fortifiante remarquable, ont été mentionnées pour la première fois en 1578 dans un ouvrage de phytothérapie chinois, écrit par Li Shizen (6).
Le Sanchi se distingue par ses lignes arrondies. En effet, il est moins allongé, rugueux, et de couleur plus foncée, voire noire.
Principes actifs : Les études scientifiques, visant à identifier les principaux constituants du Sanchi par le biais de la chromatographie, ont révélé que cette racine contient des ginsénosides de types Rg1, Re, Rb1, et Rd ainsi que du notoginsengnoside R1 (8). Le ginseng chinois renferme jusqu’à 15 variétés de ces saponines.
Bienfaits thérapeutiques : Des scientifiques ont démontré l’efficacité du Sanchi à favoriser la coagulation sanguine et accélérer la guérison des blessures. Les expériences ont été menées sur des rats de laboratoire, dont les queues ont été disséquées. Les extraits utilisés lors de cette étude ont été isolés de différentes manières, à l’huile, à l’eau et à l’alcool. De cette façon, les résultats ont révélé que les molécules actives extraites à l’alcool ont été plus efficaces, en diminuant le temps de coagulation à plus de 50 %. Par conséquent, son utilisation est une mesure de prévention efficace contre une hémorragie (9).
D’autres observations scientifiques ont également montré les bienfaits du ginseng chinois sur la santé cardiovasculaire (10), et son pouvoir à protéger les cellules du corps d’éventuels cancers (11).
Une autre propriété médicinale du Sanchi testée et prouvée par les scientifiques est son effet hépatoprotecteur. Il protègerait les tissus du foie d’éventuelles lésions causées par les lipopolysaccharides (LPS), qui sont des endotoxines pyrogènes (poisons entraînant des réactions immunitaires et favorisant la montée de température) contenues dans les membranes externes des bactéries à Gram négatif (12). Il nous faut toutefois d’autres études cliniques sur l’homme pour confirmer tous ces bienfaits. Les expériences réalisées sur des animaux de laboratoires ne suffisent pas pour conclure sur quoi que ce soit.
3- L’américain
Nom scientifique : Panax quinquefolius
Particularités et apparence : Cette variété de ginseng affectionne surtout les forêts tempérées de la partie Est du continent nord-américain. Cette plante vivace s’est raréfiée à l’état sauvage. D’ailleurs, elle est même considérée comme étant en voie de disparition dans certaines parties du globe comme le Canada, en raison de la récolte excessive dont elle a fait l’objet, et à cause de la déforestation. Les principaux pays qui l’exploitent de nos jours sont la France, la Chine et les États-Unis.
Les racines du ginseng américain sont moins développées et légèrement arrondies. Ses racines latérales sont également très courtes.
Principes actifs : Le ginseng américain contient des saponosides, des acides aminés, ainsi que des vitamines B et C, selon les constatations. Environ 14 variétés de ginsénosides y sont disponibles.
Bienfaits thérapeutiques : Les bienfaits thérapeutiques du ginseng américain sont similaires à ceux de son congénère, Panax ginseng, en étant néanmoins plus doux. Cette plante accroîtrait la résistance au stress, stimulerait les hormones sexuelles, améliorerait la mémoire, et tonifierait l’organisme en cas de fatigue physique (5).
D’après certaines observations scientifiques, sa prise de manière ponctuelle en complément à l’alimentation aide même à réguler le taux de cholestérol sanguin, le taux de glycémie ainsi que la tension artérielle (13). Il nous faut toutefois d’autres preuves scientifiques avant de pouvoir confirmer ces bienfaits. La majorité des études ont été menées sur des modèles animaux, insuffisantes pour conclure sur de tels effets.
4- Le japonais
Nom scientifique : Panax Japonicus
Particularités et apparence : Essentiellement cultivé au Japon, en Inde et dans le sud de la Chine, cette grande espèce est aussi connue sous d’autres noms, tels que grand ginseng ou encore Bambou ginseng. Sa hauteur peut atteindre jusqu’à 1 m, alors que ses homologues dépassent rarement les 30 cm.
Ses racines présentent une forme plus fine, allongée et torsadée, sans prolongement latéral.
Principes actifs : cette espèce est également l’une des plus exploitées. Mais sa concentration en ginsénosides demeure toutefois plus faible. Ce ginseng renferme seulement 8 variétés de saponisides. C’est la raison pour laquelle, celui-ci est souvent considéré comme « ginseng de qualité inférieure ».
Bienfaits thérapeutiques : La principale qualité du ginseng japonais est son côté adaptogène. Pris comme complément alimentaire, cette racine contribuerait à renforcer le système immunitaire, tout en offrant vigueur et force à l’organisme. C’est pourquoi ses capacités à améliorer la résistance au stress et à la fatigue physique et/ou intellectuelle, ainsi qu’à stimuler l’activité cérébrale et la mémorisation sont aussi reconnues scientifiquement. Certains thérapeutes le recommandent aussi comme aphrodisiaque masculin. Il nous faut d’autres études cliniques plus approfondies sur l’homme pour confirmer ces bienfaits.
Meilleure forme
D’après cette étude comparative, chaque variété de ginseng présente ses propres bienfaits. Il convient donc de les choisir en fonction du problème de santé à traiter. Toutefois, le ginseng rouge demeure le plus puissant grâce à sa forte teneur en ginsénosides.
Pour profiter des vertus thérapeutiques de cette racine, quelle que soit sa variété, il faudra privilégier les extraits de qualité, obtenus à partir de ginsengs matures âgés de plus de 6 ans. Par conséquent, il faudra se méfier des compléments alimentaires trop bon marché souvent produits à partir de ginseng de seulement 2 ou 3 ans. Certaines marques n’hésitent pas, en effet, à rajouter des saponines extraites à partir d’autres plantes, comme la campanule par exemple, dans leurs compléments alimentaires.
Précautions d’utilisation
Quelle que soit la variété de ginseng prise, il convient de prendre certaines précautions afin d’éviter les complications. Cette racine peut, en effet, interférer avec certains médicaments, tels que les anticoagulants comme la Warfarine (14). Donc, prévenez le médecin en cas de traitement anticoagulant.
La Commission E recommande également d’éviter la consommation de ginseng, en cas d’hypertension artérielle. Les femmes enceintes devront aussi s’en abstenir, du fait de la similitude qui existe entre la structure des ginsénosides et celle de certaines hormones sexuelles.
Pris selon les doses prescrites, ce complément alimentaire ne devrait causer aucun problème. Dans des cas rares, notamment en cas d’usage abusif, il y a des risques d’effets secondaires, dont les plus connus sont la diarrhée, les nausées, l’hypertension artérielle, et les troubles du comportement. Pour votre sécurité, ne débutez aucun traitement sans avoir demandé l’avis de votre médecin. Attention, vous ne devez pas prendre de compléments alimentaires sans surveillance médicale.
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Références :
(1) Kiefer D, Pantuso T., Panax ginseng. Am Fam Physician. 2003 Oct. 15;68(8):1539-42
(2) Attele AS, Wu JA, Yuan CS.Ginseng pharmacology: multiple constituents and multiple actions. Biochem Pharmacol. 1999 Dec 1;58(11):1685-93.
(3) Radad K, Gille G, Liu L, Rausch WD.Use of ginseng in medicine withemphasis on neurodegenerative disorders. J Pharmacol Sci. 2006 Mar;100(3):175-86. Epub 2006 Mar 4.
(4) Clauson KA, Shields KM, McQueen CE, Persad N (2008). Safety issues associated with commercially available energy drinks. J Am Pharm Assoc (2003).48(3): e55–63; quiz e64–7.
(5) Encyclopédie des Plantes médicinales, Larousse 2001.
(6) Kim, Sina; Shin, Byung-Cheul; Lee, Myeong Soo; Lee, Hyangsook; Ernst, Edzard (3 December 2011). « Red ginseng for type 2 diabetes mellitus: A systematic review of randomized controlled trials ». Chinese Journal of Integrative Medicine. 17(12): 937–944.
(7) Yeh, GY; Eisenberg, DM; Kaptchuk, TJ; Phillips, RS (April 2003). « Systematic review of herbs and dietary supplements for glycemic control in diabetes ». Diabetes Care. 26(4): 1277–94.
(8) Dong Wang, Hongtao Zhu, Keke Chen, Min Xu, Yingjun Zhang, and Chongren Yang. « Saponin accumulation in the seedling root of Panax notoginseng ». Chin Med. 2011; 6: 5.
(9) Pharmacotherapy 2001, Jul(70):773-7.
(10) Paul CHAN, G Neil THOMAS, Brian TOMLINSON. Protective effects of trilinolein extracted fromPanax notoginseng against cardiovascular disease Acta Pharmacol Sin 2002 Dec; 23 (1 2): 1151-1162.
(11) Konoshima T, Takasaki M, and Tokuda H. Anti-carcinogenic activity of the roots of Panax notoginseng. Biol Pharm Bull. 1999 Oct.; 22(10):1150-2.
(12) Yoshikawa M, et al. (2003). « Structures of new dammarane-type Triterpene Saponins from the flower buds of Panax notoginseng and hepatoprotective effects of principal Ginseng Saponins ». Journal of Natural Products. 66(7): 922–927.
(13) Shishtar, E; Sievenpiper, JL; Djedovic, V; Cozma, AI; Ha, V; Jayalath, VH; Jenkins, DJ; Meija, SB; de Souza, RJ; Jovanovski, E; Vuksan, V (2014). « The effect of ginseng on glycemic control: a systematic review and meta-analysis of randomized controlled clinical trials ».
(14) Yuan CS, Wei G, Dey L et Als. Brief communication: American ginseng reduces warfarin’s effect in healthy patients: a randomized, controlled trial, Ann Intern Med; 2004;141:23–27.