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Aluminium

Figurant parmi les métaux auxquels nous sommes les plus exposés au quotidien, l’Alumunium est reconnu par les scientifiques comme étant dangereux pour le système nerveux ? Quels sont ses effets sur notre organisme ? De quelle manière peut-on être intoxiqué à ce métal ? Quels sont les symptômes et que faire ? Ce dossier dévoile tout ce qu’il faut connaitre sur ce métal selon la science. Les informations ci-après ne remplacent jamais toutefois les avis des professionnels de santé et ceux des spécialistes en matière de métaux lourds.

Aluminium

Durant des décennies, l’aluminium a été considéré comme inoffensif à l’organisme du fait de sa très faible capacité d’absorption intestinale. Récemment, pas mal d’études scientifiques ont cependant avancé que les niveaux de risque de l’absorber ont considérablement accrus. La génération actuelle est, en effet, fortement exposée aux nombreux vecteurs de ce métal. Rappelons que ce dernier est un des matériaux les plus utilisés dans l’industrie agroalimentaire et pharmaceutique dans la conception de contenants. Ceci s’explique par sa remarquable légèreté, sa technicité, sa malléabilité appréciable et sa résistance à la corrosion. Il revêt de toutes ses qualités lorsqu’il est bien traité et soumis aux conditions favorables (alliage de qualité, température ambiante, environnement peu humide et peu pollué, contenu peu salé …).

Or, à partir d’une certaine dose – plus de 7 milligrammes par kilo de poids corporel et par semaine, d’après l’OMS – ce métal devient toxique. Il risque d’engendrer de nombreuses maladies dégénératives et mortelles.

Présentation de l’aluminium

Recherches et découvertes

L'eau du robinet est un des gros apporteurs d'aluminium
L’eau du robinet est un des gros apporteurs d’aluminium

Historiquement, l’aluminium fut découvert en 1807 par Humphry Davy. Ce scientifique a constaté que le potassium et le sodium entraient dans la composition d’un autre métal capable de fixer les teintures, qu’il baptise de ce nom. Le terme aluminium dérive du mot latin « alun » ou « alumen ». Plus tard, en 1821, un autre chercheur Pierre Berthier fut la découverte d’un autre minerai doté d’une teneur de 50 à 60 % d’oxyde d’aluminium dans une mine des Baux-de-Provence, qu’il nomma « bauxite ». D’autres chimistes se sont mis également à étudier ce métal. Il y a par exemple le physicien danois Hans Christian Ørsted. Ce dernier s’est mis à produire une forme impure de ce métal en 1825, et Friedrich Wöhler qui a réussi à l’isoler en faisant agir le potassium sur le chlorure d’aluminium en 1827. (1)

L’aluminium fait partie des métaux les plus abondants de l’écorce terrestre. Ce métal représente environ 8 % de la masse totale des matériaux qui existent sur notre planète. La Guinée en constitue la plus grande réserve au monde, en détenant le quart des stocks totaux. Cependant, en raison de son côté ultra réactif, il est impossible de le retrouver à l’état pur dans son environnement naturel. Il est toujours combiné à d’autres minéraux, tels que la bauxite, la sillimanite, la néphéline et la leucite.

Propriétés physiques et chimiques

Cet élément chimique est connu sous le numéro atomique 13 et le symbole chimique Al.

En solution, l’aluminium se présente sous forme d’ions Al 3+. Son oxydation est plus lente à froid et rapide à chaud. Cette réaction conduit à la formation de l’alumine ou Al2 O3.

Sous forme métallique, il est connu pour son aspect argent ou gris mat, variable selon son état d’oxydation. Une mince couche oxydée d’environ 5 à 10 nanomètres se forme à la surface lorsque ce métal est exposé à l’air libre. Cependant, il reste quand même utilisable contrairement aux autres métaux. L’aluminium est mou, facile à manipuler, mais résistant.

Propriétés biologiques

Le taux normal d’aluminium présent dans l’organisme humain s’élève au total entre 30 et 50 mg. La moitié se concentre au niveau des os, et les 25 % dans le poumon, les 20 % dans le foie et les 5 % restants dans les autres organes, tels que la rate et le cerveau par exemple.

Les études pharmacocinétiques réalisées sur cet élément chimique ont montré qu’en injection, il atteint le plasma après 24 heures avec un niveau de concentration maximal de 99 %. Sa demi-vie varie énormément en fonction de l’importance de la quantité ingérée et de l’exposition. En général, cette élimination se fait en trois étapes. 50 % en quelques heures, 25 % du reste en quelques semaines et le reste en plusieurs mois, voire un an. Son excrétion se fait par voie urinaire et anale.

Études toxicologiques de l’aluminium

Ce métal a des effets neurotoxiques ?

Des scientifiques ont noté des effets néfastes de ce métal sur le système nerveux central suite aux traitements de dialyse menés sur des patients. Les expositions fréquentes à l’aluminium ont entrainé des problèmes de santé. Parmi ceux-là, il y a l’épilepsie, les troubles de mémoire ou encore l’encéphalopathie. On a remarqué cette encéphalopathie des dialysés pour la première fois en 1972. Elle s’explique notamment par la présence de cette substance chimique dans le dialysât utilisé pour le traitement ainsi que la dose d’hydroxyde d’aluminium prise par voie orale pour le contrôle de phosphore chez le malade. (3)

Afin de réduire les risques de développer cette pathologie chez les dialysés, la règlementation européenne a imposé depuis quelques années aux centres de dialyse un contrôle régulier de l’exposition des patients à ce métal.

Est-il cancérigène ?

Une autre conséquence néfaste de l’exposition fréquente à ce métal est le risque de contracter des cancers. Parmi les sources d’exposition les plus connues, nous pouvons citer les produits cosmétiques, tels que les antiperspirants et les déodorants gorgés de sels d’aluminium. Il y a aussi les médicaments antiacides, les conduites d’eaux potables, l’eau du robinet et même les ustensiles de cuisine en aluminium. On n’oublie pas non plus le blister qui sert à conditionner les médicaments. Les micro-particules de ce métal, bien qu’ils se retrouvent à l’état de trace sur ces produits médicamenteux, ne demeurent pas sans effet sur notre santé.

Une étude toxicologique publiée au début de l’année 2012 a mis en évidence l’action du chlorohydrate d’aluminium et du chlorure d’aluminium sur des cellules épithéliales mammaires humaines. D’après les résultats de cette expérience in vitro, ces sels d’aluminium malgré leurs faibles dosages sont des facteurs de risque de contracter un cancer de seins chez la femme. Les déodorants utilisés renferment, en effet, des doses réduites de ces éléments chimiques. Soit 1 500 à 100 000 fois inférieures aux doses généralement trouvées dans les produits couramment vendus sur le marché. (4)

C’est afin de réduire les risques que l’Afssaps a recommandé aux fabricants de cosmétiques de limiter la teneur en sels d’aluminium à 0,6 %. En faut, pas moins de 18 % de ces substances chimiques peuvent traverser la barrière cutanée, et notamment s’il y a lésion ou irritation sur la peau suite à une épilation ou un rasage par exemple. Or, la majorité des marques utilisent 25 variétés de sels d’aluminium et avec une teneur élevée pouvant atteindre les 20 %. (5)

Est-ce la cause de la myofasciite à macrophages ?

Certains vaccins contiennent des adjuvants d'aluminium
Certains vaccins contiennent des adjuvants d’aluminium

Un autre problème de santé que peut engendrer ce métal et qui a aussi alarmé les chercheurs est la myofasciite à macrophage. Cette maladie, découverte au début des années 90, se traduit par une lésion des muscles induite par l’aluminium. Un des scientifiques qui se sont penchés sur l’étude de cette pathologie est Romain Gherardi, Chef de service à l’hôpital Henri-Mondor à Créteil, dans le centre expert en pathologie neuromusculaire. Ce médecin a concentré toutes ses recherches sur les effets des adjuvants de vaccins à base de cette substance chimique sur les muscles. D’après les résultats de ses expériences, ce métal a un fort lien avec le développement de cette lésion musculaire. (6)

Les risques de contracter cette maladie ont significativement augmenté depuis que les vaccins sont devenus intramusculaires. Alors qu’autrefois ils étaient cutanés ou injectés dans le système sanguin. Plus récemment en 2001, des études scientifiques fournissent des preuves plus concluantes concernant la relation des adjuvants de vaccins avec cette pathologie neuromusculaire. En effet, on a pu détecter ce métal dans les tissus musculaires lors des biopsies. (7)

Quels sont ses autres effets sur la santé ?

L’accumulation de cet élément chimique dans l’organisme à un taux anormalement élevé peut aussi occasionner d’autres problèmes de santé, autres que ceux précédemment mentionnés. Des recherches menées par les scientifiques ont permis de découvrir que ce métal favorise le développement du psoriasis, de l’insuffisance rénale et ou hépatique chronique, de l’anémie, des troubles cardiaques, de l’intolérance au glucose, de l’ostéomalacie et surtout de la maladie d’Alzheimer. Il est reconnu scientifiquement que les patients souffrant de la maladie d’Alzheimer présentent au niveau des cellules de leur cerveau une dose anormalement élevée de ce métal, 10 voire 30 fois plus élevé que le normal. (8)

Facteurs de risque et symptômes de l’intoxication à l’aluminium

Seuls les sels d'aluminium solubles, chlorures, nitrates et sulfates, sont toxiques
Seuls les sels d’aluminium solubles, chlorures, nitrates et sulfates, sont toxiques

L’intoxication à ce métal peut toucher tout le monde. Les risques sont toutefois plus élevés chez les personnes qui y sont exposées tous les jours. Les sujets âgés ainsi que ceux souffrant d’insuffisance rénale sont aussi vulnérables.

Une simple analyse sanguine ne permet pas de mettre en évidence une telle intoxication, vu que cet élément chimique ne reste pas longtemps dans le plasma. Il est en fait rapidement stocké au niveau des tissus par le corps, où il est piégé. On peut remarquer des symptômes tels que, ostéoporose, convulsion, perte de mémoire, faiblesse musculaire, douleur osseuse, ou retard de croissance chez les enfants. Des examens supplémentaires sont toujours indispensables pour l’affirmer.

Ces examens consistent à faire appel à des chélateurs de métaux lourds, capables de les transporter dans les urines. Il y a par exemple l’acide 2,3 dimercapto 1 propanesulfonique (DMPS), et l’Unithiol, son sel de sodium. On analyse ensuite les urines afin de déterminer les taux de métaux lourds qui y sont présents. Une biopsie osseuse et musculaire peut aussi aider à évaluer leurs taux.

Références

(1) Paul Depovere. « La classification périodique des éléments ». La merveille fondamentale de l’Univers, Boeck Supérieur, 2002, p. 98.
(2) J.-P. Day et al. , Biological chemistry of aluminium studied using and accelerator mass spectrometry » , 26 Al Nucl. Instrum. Methods Phys. Res., Sect. B vol. p.  92, no  1-4,  463-468.
(3) Bismuth C. Toxicologie clinique , Médecine-Sciences, éd. Flammarion, 2000, 1092 p.
(4) Sappino AP and al. (Division of Oncology, Faculty of Medicine, University of Geneva, Geneva, Switzerland), Aluminium chloride promotes anchorageindependent growth in human mammary epithelial cells , Journal of Applied Toxicology janvier 2012, DOI : 10.1002/jat.1793.
(5) « Scientific Opinion of the Panel on Food Additives, Flavourings, Processing Aids and Food Contact Materials (AFC) » , The European Food Safety Agency Journal 2008, 754 : 1-34.
(6) Gherardi R. K, Lessons from macrophagic myofascitiis: towards definition of a vaccine adjuvant-related syndrome, (ISSN Revue neurologique 0035-3787 vol.159, no 2, p.) 2003,  162-164, 3p ( résumé Inist-CNRS 44).
(7) F.-J. Authier and al. Central nervous system disease in patients with macrophagic myofasciitis , Oxford Journals, Medicine, 2001 p. vol.  974-983  124, issue 5.
(8) CR Harrington and al. « Alzheimer’s-disease, like changes in tau protein processing: association with Aluminium accumulation in brains of renal dialysis patients  » n° 8904 Lancet, vol.23 avril 1994 p.993-997.