Le Camellia sinensis, ou tout simplement le théier, est prisé pour sa teneur élevée en antioxydants. Que faut-il savoir sur cette plante médicinale ? Quels sont ses principes actifs et leurs bienfaits ? Quelles sont les différentes variétés de thé proposées sur le marché ? Quels sont les bienfaits du théier sur la santé ? Quelle posologie recommandée pour profiter de ses vertus ? Ce billet est juste à titre informatif, et ne remplace pas une consultation médicale.
Camellia sinensis, plante de la longévité
Le Camellia sinensis, ou théier en langage courant, est une des plantes fortement exploitées dans le monde pour ses feuilles aux multiples bienfait santé. Longtemps, les anciennes civilisations de l’Extrême-orient l’ont considéré comme une plante aux pouvoirs mystiques. L’infusion de ses feuilles au goût légèrement amer était qualifiée d’« elixir d’immortalité », qui favorisait l’éveil et l’intelligence, procurait une santé de fer et une longue vie… La médecine chinoise sous les dynasties de Tang et Song, quant à elle, reconnait ses propriétés antibactériennes, stimulantes du système immunitaire, tonifiantes et diurétiques ; des bienfaits santé prouvés et confirmés plus tard par la science moderne.
Voilà maintenant, il y a plus de 4 000 longues années depuis ses premières découvertes par Shen Nong, l’Homme continue à s’intéresser à cette plante médicinale. Les chercheurs se concentrent surtout sur ses capacités antioxydantes. Sa teneur incroyablement élevée en antioxydants fait du théier un remède pour la longévité, permettant de lutter contre les maladies dégénératives de cette génération trop active et pourtant mal-nourrie.
Sommaire
Description botanique du Camellia sinensis
Originaire d’Extrême-Orient, le Camellia sinensis est un arbuste à feuillage persistant, connu pour sa haute teneur en antioxydants. C’est une espèce très proche du Camellia japonica et du Camélia horticole, dans la lignée des Théacées. Ce nom botanique utilisé pour le nommer est littéralement traduit en français par « Camélia chinois ».
Le théier se décline en plusieurs formes, selon son origine et son procédé de culture. Il y a entre autres le Camellia sinensis var. sinensis, le plus courant, qui nous vient de Chine, le Camellia sinensis var. cambodiensis qui est non cultivé, ou encore le Camellia sinensis var. assamica qui est une variété obtenue par clonage. Cette liste n’est bien évidemment pas exhaustive. Chacune de ces variétés possède de ses propres particularités et formes.
Il faut savoir que les thés proposés sur le marché peuvent provenir de la transformation d’une ou de plusieurs variétés de théier.
La variété sinensis, ou chinoise, à l’état sauvage fait rarement plus de 5 m de haut. Par contre, lorsqu’elle est cultivée, peut atteindre jusqu’à 20 m. Cette forme du théier se distingue par ses feuilles coriaces allongées et elliptiques, s’étalant sur environ une quinzaine de centimètre. Celles-ci sont de couleur verte foncée à maturité. Les bourgeons et les jeunes pousses, par contre, sont très clairs. Ce sont ces organes de la plante qui sont utilisés dans la fabrication de thés de bonne qualité.
Les fleurs du théier présentent une couleur claire, allant du blanc à jaune tendre. Celles-ci se regroupent en groupes de 3 ou 4, bien sont solitaires. Quant à ses fruits, ce sont des capsules à déhiscence loculicide – c’est à dire munis d’une ouverture spontanée au milieu de chacune de ses loges – d’un diamètre de 1,5 à 3 cm environ.
Principaux principes actifs du Camellia sinensis
Les principes actifs contenus dans les thés commercialisés sur le marché varient selon leur procédé de fabrication, fermenté, semi-fermenté ou non-fermenté. À l’origine, autrement dit avant la cueillette et les différents processus de transformation, les feuilles du théier renferment les composants cités ci-après :
– Des polyphénols, dont les principaux sont les catéchines qui possèdent une grande capacité antioxydante. Leur teneur varie considérablement en fonction de divers facteurs externes, tels que le climat, le type de sol et la saison (1). Le procédé de fabrication du thé influera également sur leur quantité. Il a été remarqué que le thé vert en possède plus. Par contre chez le thé noir qui est totalement oxydé, une grande partie de ceux-ci se transforment en théarubigines et théaflavines au moment de la phase de fermentation. (2)
– Des flavonols, tels que le kaempférol et la quercétine qui sont les premiers responsables des effets bénéfiques sur le système cardiovasculaire et de la protection contre les cancers. (3)
– De la théine, qui est connue pour sa propriété psychotrope grâce à sa structure similaire à celle du café. Rappelons qu’une substance psychotrope peut agir sur l’état du système nerveux central et y induire des modifications des sensations, de la perception, de la conscience, de l’humeur, ou bien d’autres fonctions psychologiques et comportementales. Selon la méthode de fabrication, le thé obtenu peut contenir plus ou moins de théine. Selon les observateurs, le thé noir en regorge plus que les autres variétés de thé. (4)
– Des EGCG (Épigallocatéchines Gallate), une des plus importantes catéchines capables de prévenir différents problèmes de santé, comme les troubles de la cognition, les maladies cardiovasculaires, le diabète et même le surpoids. Le thé vert et le thé blanc en renferment plus, car peu oxydés.
– De la théanine, un acide aminé qui est biosynthétisé à partir de l’éthylamine et de l’acide glutamique grâce à l’intervention de l’enzyme théanine synthétase (5). Ce composé chimique, qui représente environ 1 à 2 % du poids total de la feuille, est responsable du goût particulier du thé – délicieux, savoureux ou « umami » en japonais – à la fois légèrement sucré et amer. Cette substance réduit, en effet, l’amertume de la plante. La théanine se trouve en plus grande quantité dans les thés noirs que dans les thés verts.
Différentes variétés de thé avec leurs particularités
Les variétés de thé obtenues à partir de la transformation des feuilles du Camellia sinensis sont beaucoup, mais regroupées dans ces 6 grandes classes. Chacune de ces variétés se décline à son tour en nombreuses sous-variétés, qui se différencient les unes des autres par leur processus de fabrication.
Thé blanc
Le thé blanc se fait plutôt rare et est parfois très couteux. Ce thé est légèrement oxydé à seulement 12 % ; ce qui lui permet de garder encore une grande partie de ses antioxydants. Ses particularités sont sa fraicheur et son côté désaltérant. Il se consomme surtout en période estivale en Chine.
> Lire notre dossier Thé blanc, pour apprendre davantage sur ce thé
Thé vert
Le thé vert est un thé non-oxydé, c’est à dire sans phase de fermentation. Son processus d’oxydation naturel est, en effet, stoppé rapidement en un laps de temps très court après la cueillette. La méthode adoptée pour ce faire peut être la méthode chinoise qui utilise une grande bassine à poser directement sur un feu, ou bien la japonaise qui consiste à passer les feuilles sous des jets de vapeur. Dans les deux cas, l’oxydation est arrêtée et donc tous ses antioxydants sont conservés.
> Lire notre dossier Thé vert, pour obtenir plus d’informations sur ce thé
Thé noir
Le thé noir, appelé aussi anglo-indien, est un thé plutôt commercial, puisqu’il détient à lui-seul plus de 70 % des parts de marché international. Cette variété de thé est surtout produite et consommée dans les pays occidentaux. Ses particularités sont son côté totalement oxydé et sa teneur élevée en théine. Ce qui fait de cette boisson un stimulant. Grâce à son caractère totalement oxydé, le thé noir peut être conservé plusieurs années sans perdre son goût et sa fraîcheur particuliers.
> Lire notre dossier Thé noir, pour découvrir tous les bienfaits de ce thé
Thé oolong
Le thé oolong, dit aussi thé wulong ou thé bleu-vert, est un thé semi-oxydé. Autrement dit, sa phase d’oxydation n’a pas été complète, effectuée aux alentours de 40 à 70 %. Il se trouve à mi-chemin entre le thé vert et le thé noir. Ce thé est surtout servi auprès des restaurants asiatiques et est encore peu populaire en Occident. Ses qualités distinctives étant son côté sans amertume, sa pauvre teneur en théine et son arôme plus développée.
Thé jaune
Le thé jaune est un thé vert de grande qualité d’origine chinoise, ayant subi une phase de fermentation post-enzymatique. Tout de suite après la récolte, les feuilles sont fermentées à l’étouffée, à une température de 50°C environ. Celles-ci subissent une légère torréfaction et sont ensuite couvertes de tissu pendant 20 h avant d’être séchées. Il s’agit d’un thé très rare et couteux également, puisque ses ingrédients se composent uniquement de bourgeons et de très jeunes pousses encore duveteux.
Thé vieilli
Le thé vieilli, connu aussi les noms de thé pu-erh ou thé noir en Chine, est un thé post-fermenté fabriqué à partir des grandes feuilles de la variété Cammellia sinensis var. assamica. Son traitement comprend deux étapes, à savoir une première oxydation intense juste après la cueillette et une longue phase de fermentation plus lente –sous l’effet de bactéries et de champignons– qui permet aux feuilles de vieillir. À l’instar du vin, sa valeur, son goût et sa qualité s’améliorent avec le temps. Ce thé est proposé sur le marché sous un format un peu unique, compressé en boule, galette ou bien en brique de 100, 250 ou 500 g. Ses principales qualités sont son goût pariculier –un mélange de camphre et de fruits secs– et sa liqueur rougeâtre sombre agréable à la vue.
Principaux bienfaits thérapeutiques du Camellia sinensis
Nombreux sont les scientifiques qui ont mis en évidence les qualités thérapeutiques du Camellia sinensis avancées par la médecine traditionnelle. En étudiant les molécules actives de cette plante médecinale, ils ont découvert que ces dernières sont capables de prévenir et traiter les différentes maladies détaillées ci-après. Il serait possible de profiter des bienfaits de ces ingrédients actifs en buvant tout simplement du thé au quotidien, ou bien de recourir directement aux compléments alimentaires.
Protection contre les maladies cardiovasculaires ?
Une des propriétés médicinales connues de cette plante dans la médecine traditionnelle est sa faculté à prévenir les maladies cardiovasculaires. Pour prouver ce fait, Arts IC, Hollman PC et leur équipe ont isolé les principaux composés actifs du Camellia sinensis – les catéchines – et essayé de voir leur effet sur les maladies cardiaques ischémiques et l’AVC. Le test clinique a été réalisé sur 806 hommes âgés de 65 à 84 ans. Ces derniers ont reçu des doses variées de catéchines du théier, 47,8 à 72 mg par jour. Le traitement a débuté en 1985 et n’a pris fin qu’au début de l’an 2000.
D’après les résultats de l’expérience, seulement 90 d’entre eux sont décédés à cause d’une maladie cardiovasculaire. La prise de catéchines du théier par jour a conduit à une baisse du taux de mortalité par cardiopathie ischémique de 20 %. Le taux de mortalité par AVC n’a pas connu de baisse significative (6). Les résultats de cette étude clinique ont été encourageants, mais ne permettent pas toutefois de conclure sur la capacité de cette plante à prévenir les maladies cardiovasculaires. Des essais complémentaires sont essentiels avant de valider quoi que ce soit.
Un effet neuroprotecteur ?
Des scientifiques se sont également mis à trouver la relation entre la consommation de thé et la fonction cognitive de l’Homme. L’étude a été menée sur 1003 Japonais âgés de 70 ans et plus, en 2002. Des questionnaires leur ont été donnés afin de voir l’amélioration de leur fonction cognitive. Les résultats de cette expérience ont permis de conclure que la consommation de thé par jour, allant de 4 à 6 tasses, constitue une mesure de prévention efficace contre la détérioration des neurones. Ceci s’explique par la présence d’EGCG en quantité importante dans cette plante selon les observateurs. Ces composés actifs pourraient aider à protéger le cerveau des conséquences néfastes des maladies dégénératives comme la maladie de Parkinson et l’Alzheimer (7). Il faut toutefois d’autres preuves scientifiques solides avant de confirmer ici l’effet neuroprotecteur de cette plante médicinale.
Des actions contre le cancer ?
Une étude datant de 2006 a démontré dans ses grandes lignes l’action des polyphénols du théier sur les cellules cancéreuses de la prostate, en particulier de l’EGCG. D’après cette observation, ces antioxydants représentent un tiers du poids total des feuilles séchées de cette plante médicinale. Utilisés sur des cellules atteintes de cancer, ils ont pu bloquer la prolifération des cellules malignes en déclenchant leur apoptose. Les polyphénols du théier semblent aussi agir sur les espèces réactives de l’oxygène, qui augmentent les risques d’un cancer de prostate (8). Des études cliniques à plus grande échelle sur l’homme demeurent essentielles avant de conclure sur l’action anticancéreuse de cette plante. Les quelques expériences conduites sur des échantillons de cellules en culture ne sont pas suffisantes pour valider cet effet.
Un impact sur la perte de poids ?
Au cours de cette dernière décennie, on a souvent entendu parler de l’effet du thé vert sur l’excès de poids. Nombreux sont ceux qui ont avancé que cette boisson est un brûle-graisse efficace, un allié indispensable aux sujets en surpoids et obèses. En basant sur cette hypothèse, des scientifiques ont donc essayé de trouver les principaux responsables de cet effet brûle-graisse.
En utilisant les catéchines du théier, notamment les EGCG, chez des animaux obèses, ils ont découvert leur action sur les cellules adipeuses. Ces principes actifs ont favorisé la thermogenèse de l’organisme des sujets testés. Ce qui a optimisé la combustion des graisses. Les thés, en particulier le thé vert qui est plus riche en catéchines, sont des brûleurs de graisses. C’est confirmé ! (9)
Comment bien choisir son Camellia sinensis en gélules ?
Le marché de la phytothérapie propose des compléments alimentaires à base d’extraits de Camellia sinensis. La majorité des fabricants isolent leurs ingrédients actifs à partir du thé vert, en raison de sa teneur en polyphénols et catéchines plus élevée. La prise de ces suppléments convient bien à ceux qui veulent profiter des bienfaits thérapeutiques du thé, sans avoir à boire cette boisson au quotidien.
Il convient toutefois de bien choisir le produit à acheter, en prenant en compte quelques critères tels que le procédé de fabrication du thé, son origine, son titrage en polyphénols et en EGCG, ainsi que sa teneur en caféine. Les compléments alimentaires à privilégier sont ceux qui proposent des pourcentages élevés en principes actifs.
Donc, il faut savoir bien lire les notices :
– Une gélule d’extraits acqueux de thé de 700 mg, titré à 80 % de polyphénols, apporte en réalité 560 mg de polyphénols.
– Une gélule d’extraits de thé de 400 mg, titré à 50 % de polyphénols et 7 % d’EGCG, apporte 200 mg de polyphénols et 28 mg d’EGCG.
Camellia sinensis : Posologie
Le dosage du complément alimentaire à prendre au quotidien dépend des effets recherchés. En moyenne, un adulte peut administrer 600 mg à 1 200 mg d’extraits de thé par jour, soit l’équivalent de 2 à 4 gélules de 300 mg. Il est important de noter que, une gélule de 250-300 mg équivaut à 3 tasses de thé. Donc, cette dose limite est l’équivalent de 12 tasses de thé ; ce qui est déjà beaucoup.
Pour connaitre le dosage qui vous convient le mieux, n’hésitez pas à demander conseil à votre médecin. Sachez par ailleurs que la prise d’un complément alimentaire doit être sous surveillance médicale.
Références :
(1) Ho CT, Chen CW et al. « Natural antioxydants from tea » Chemistry, Health Effects, and Applications. Champaign:AOCS Press, 1997. p.213-223.
(2) Lakenbrink C, Lapczynski S et al. « Flavonoids and other polyphenols in consumer brews of tea and other caffeinated beverages ». J. Agric Food Chem 2000 July;48(7):2848-52.
(3) Kris-Etheron PM, Hecker KD et al. « Bioactive compounds in foods : Their role in prevention of cardiovascular disease and cancer ». Am J Med 2002 December 30;113.
(4) Cabrera C, Artacho R, Gimenez R. « Beneficial effects of green tea, A review ». J Am Coll Nutr 2006 April;25(2):79-99.
(5) Ekborg-Ott, A Taylor et DW Armstrong. « Varietal differences in the Total and Enantiomeric composition of Theanine in tea ». J. Agric.Food Chem 1997:(45) 353-363.
(6) Arts IC, Hollman PC, Fesken EJ, Bueno de Mesquita HB, Kromhout D. « Catechin intake might explain the inverse relation between tea consumption and ischemic heart disease : The Zutphen Eldery Study ». Am J Clin Nutr 2001 Aug;74(2):227-32.
(7) Kuriyama S, Hozawa A et al. « Green tea consumption and cognitive function : A cross-sectional study from the Tsurugaya project 1 ». Am J Clin Nutr 2006. Feb;83(2):355-61.
(8) Siddiqui IA, Adhami VM, Saleem M, Mukhtar H. « Beneficial effects of tea and its polyphenols against prostate cancer ». Mol Nutr Food Res.2006 Feb;50(2):130-43.
(9) Wolfram S, Wang Y, Thielecke F. « Anti-obesity effects of green tea: from bedside to bench ». Mol Nutr Food Res.2006 Feb;50(2):176-87.