Prisé pour sa douceur, le Thé blanc est obtenu par un traitement particulier des feuilles du théier. Qu’est ce qui distingue ce thé des autres ? Comment se déroule son processus de fabrication ? Que nous apporte-il comme nutriments ? Quels sont ses pouvoirs médicinaux ? Comment le consommer et profiter de ses bienfaits ? Découvrez ce que dit la science sur cette variété de thé et ses bienfaits santé. Cet article est purement informatif, ne remplaçant en rien un avis médical.
Thé blanc, boisson rafraichissante aux vertus multiples
Le thé blanc, appelé aussi Yin Zhen, figure parmi les nombreuses variétés de thé préparées à partir de la plante Camellia sinensis. Cette plante médicinale, qui s’utilise aussi en boisson et en tant qu’arôme en cuisine pour rehausser le goût de nos plats, revêt de ses propres qualités. Sa valeur nutritive et sa teneur en principes actifs se diffèrent totalement de ses compères, le thé vert, le thé noir et le thé oolong.
Que faut-il savoir sur ce thé ? Que disent les scientifiques à propos de ses propriétés médicinales ? Les réponses dans ce dossier.
Sommaire
Présentation du thé blanc
Origine et procédé de fabrication
Comme il a été mentionné au début, le thé blanc est obtenu à partir d’une technique de séchage particulière des feuilles du théier, un arbre à feuilles persistantes originaire d’Extrême-Orient. Cette plante de la famille des Théacées est de nos jours cultivée partout dans le monde pour ses feuilles riches en antioxydants. Son nom scientifique « Camellia sinensis » peut être traduit littéralement par « camelia chinois ».
Le procédé de fabrication du thé blanc est le suivant :
Cette variante de thé suit un procédé très simple, n’utilisant aucune substance supplémentaire, ni de traitement parculier tel que torréfaction ou autres. Le séchage se fait tout simplement au soleil. Pour garder cependant tous ses bienfaits, les matières premières utilisées doivent être des bourgeons ou de très jeunes feuilles à peine éclos, munis encore de minuscules poils blancs. Ce qui donne la couleur blanchâtre, voire jaunâtre, de ce thé. Grâce à cette technique traditionnelle héritée des Chinois, notamment de la population de Fujian, une grande partie des principes actifs contenus dans les feuilles de cette plante a pu être conservée. Le choix rigoureux de ces matières premières constitue une garantie sur la qualité. (1)
Ses particularités
Par rapport aux thés noir et vert, celui-ci est légèrement oxydé à hauteur de 12 % environ. Ceci s’explique par son procédé de transformation très faible et une part importante des enzymes responsables de son oxydation y est encore présente. Ces enzymes se dégradent, en effet, au moment de la torréfaction ou de la cuisson.
Il est important de noter toutefois que cette oxydation est superficielle et non profonde –elle n’a lieu qu’en surface– du fait de la faible manipulation des feuilles (autrement dit pas de roulage).
À part cela, les feuilles séchées obtenues à partir de ce procédé présentent aussi une faible densité. Leur goût est léger et subtil, une fois qu’elles sont infusées.
Le thé blanc est onéreux par rapport aux autres, en raison de sa rareté. Ses premières matières, les jeunes pousses et les bourgeons, ne sont cueillies qu’une fois tous les ans.
Différentes variétés
Il est possible de trouver différentes variétés de ce thé sur le marché, qui se distinguent par leurs techniques de fabrication et les matières premières utilisées. Certains fabricants procèdent, en fait, à la cuisson des jeunes pousses avant leur séchage au soleil. Parmi les variétés disponibles, on cite à la volée :
– le Bai Mu Dan ou Pai Mu Tan, appelé aussi pivoine blanche, qui est obtenu à partir du séchage de bourgeons et des deux premières feuilles du théier ;
– le Bai Hao Yinzhen ou « Aiguilles d’argent aux poils blancs » en français qui est composé uniquement de bourgeons séchés en forme d’aiguille ;
– et le Shou Mei qui est similaire au Gong Mei, fabriqué à partir du séchage de jeunes feuilles du théier de 3ème et 4ème génération.
Ses composants actifs
À l’instar du thé vert, du thé noir et du thé oolong, le thé blanc renferme aussi :
– De l’acide gallique, classé dans les acides phénoliques, qui est connu pour ses activités antioxydantes et pro-oxydantes. À la concentration de 4,17 mM, cet antioxydant est capable de piéger des radicaux libres, dont 60 % de peroxyde d’hydrogène et 44 % de radicaux DPPH selon des observations scientifiques. (2)
– Des catéchines, des flavonols qui, d’après certaines expériences scientifiques, sont capables de diminuer le stress oxydatif induit par des métaux comme le plomb sur des cellules. (3)
– De la théine, un alcaloïde appartenant à la famille des méthylxanthines, dont la structure chimique s’apparente à celle de la caféine. Une certaine différence est toutefois observée sur leurs temps de passage dans la circulation systémique, c’est à dire leur absorption. La théine met environ 6 à 8 heures environ avant d’atteindre le plasma sanguin, alors que la caféine est libérée rapidement. Son pic d’intensité est atteint 2-3 heures après l’ingestion. Ce qui fait de la théine un stimulant et non un excitant. Cette substance stimule le système nerveux central et le système cardio-vasculaire.
– D’autres polyphénols à effet antioxydant tels que théarubigines et théaflavines, dont la teneur varie cependant en fonction de la technique d’agriculture, le climat, la saison et même le temps d’infusion au moment de la consommation.
– Et des acides aminés, des composés organiques qui assurent d’importants rôles dans la physiologie, la structure et le métabolisme des cellules, en tant que constituants des protéines et des peptides.
Une analyse qualitative de ce thé effectuée sur ses principaux composants actifs par la méthode chromatographie en phase liquide à ultra-performance associée à la spectrométrie de masse en tandem triple quadripôle (UPLC-QQQ-MS/MS) a permis de détecter 29 principes actifs au total, dont la teneur varie selon le temps de séchage et le temps de stockage des matières premières.
Les résultats ont montré que le Gong Mei renferme des acides aminés à hauteur de 53,606 mg/g, contre 14,848 mg/g seulement pour le Shou Mei. Les chercheurs ont remarqué que la teneur en catéchines et en acides aminés diminue en fonction du temps de séchage. L’acide gallique, par contre, tend à augmenter. (4)
Quelles sont les propriétés médicinales du thé blanc ?
Chacune des variétés de thé obtenues à partir du Camellia sinensis a ses propres bienfaits thérapeutiques. Certaines ont fait l’objet de plus d’études cliniques que d’autres, comme le thé vert par exemple. Les lignes suivantes présentent les propriétés médicinales du Yin Zhen d’après les recherches menées par les scientifiques.
Ce thé possède-t-il une activité antimutagène ?
Le thé blanc serait un antimutagène selon de nombreux chercheurs, autrement dit cette plante médicinale serait capable de s’opposer aux substances susceptibles de provoquer des mutations.
Au cours d’une expérimentation, des chercheurs ont essayé de comparer l’activité antimutagène de quatre variétés de thé sur des souches bactériennes de Salmonella thyphimurium sujettes à des mutations, ajoutées ou non d’un extrait de foie de rat (dit S9 Mix). Cet extrait de foie est en effet utilisé pour favoriser le métabolisme de certains composés chimiques mutagènes. Ces substances, une fois métabolisées, induisent des produits cancérigènes qui favorisent la mutation des souches de bactéries soumises à l’expérience.
Les résultats de cet essai clinique ont donc montré que par rapport aux autres variétés de thé, le thé chinois blanc a été plus actif et pu bloquer l’activité de plusieurs composés mutagènes, dont des amines hétérocycliques tels que 2-amino-1-méthyl-6-phénylimidazo[4,5-b]pyridine (PhIP), 2-amino-3,8-diméthylimidazo[4,5-f]quinoxaline (MeIQx) et 2-amino-3,4,8-triméthyl-3H-imidazo[4,5-f]quinoxaline (4,8-DiMeIQx) (5). Cette activité antimutagène doit être encore mise en évidence chez l’homme avant de pouvoir la confirmer. La plupart des observations ont été en effet conduites sur des échantillons de cellules en culture et des modèles animaux. Ce qui ne suffit pas pour conclure sur quoi que ce soit pour le moment.
Présente-t-il un bienfait sur la santé reproductive masculine ?
Compte tenu des différents bienfaits thérapeutiques de ce thé et de sa forte utilisation en médecine traditionnelle, des chercheurs ont essayé d’observer son action sur le métabolisme des cellules de Sertoli. Rappelons au passage que ce sont des cellules somatiques de grande taille, qui tapissent sur la paroi des tubes séminifères du testicule chez l’Homme et les animaux mammifères, dont le rôle consiste à contrôler l’évolution de la spermatogenèse, ainsi qu’à nourrir et protéger les spermatozoïdes en maturation (6).
Au cours de l’expérience, ces scientifiques ont procédé à la culture de cellules de Sertoli extraites de rats de laboratoires, en y ajoutant ou non une certaine dose d’extraits de ce thé. Les niveaux protéiques des transporteurs de glucose (GLUT 1, GLUT 3), le lactate déshydrogénase (LDH), l’ARNm, et le phosphofructokinase ont été contrôlés par deux méthodes, dont le Q-PCR (Réaction en chaîne par polymérase en temps réel ou quantitative) et le Western Blot.
Les résultats ont montré que chez les cellules soumises aux extraits de ce thé, une diminution des taux de protéines, d’ARNm, du GLUT 1 et de l’absorption de glucose a été notée. Par contre, le niveau de LDH a monté. La présence des principes actifs du thé blanc a stimulé la production de lactate et d’alanine selon les observateurs. Qu’est ce que cela signifie ? Cette variété de thé est bénéfique pour la santé reproductive masculine puisque le lactate a un effet anti-apoptotique dans les cellules germinales en croissance (7). Ces études ont abouti à des résultats particulièrement intéressants, mais ne suffisent pas cependant pour conclure sur cet effet sur la fonction sexuelle. La plupart d’entre elles ont été en effet menées sur des cellules en culture, insuffisantes pour émettre une conclusion.
Ce thé a-t-il des effets hypolipidémiant et hypoglycémiant ?
Certaines publications scientifiques ont aussi mis en avant la capacité de ce thé à réduire les taux de lipides et de sucres sanguins. Dans cette expérience à titre d’exemple, les chercheurs ont utilisé des feuilles du théier à différents stades de traitement pour vérifier ce fait, thés vert, noir et blanc. L’action des polyphénols, que renferment ces différentes variantes de thé sur le métabolisme du glucose et des lipides dans une lignée cellulaire HepG2 du foie, a été évaluée.
Il a été remarqué au cours de cette expérience que le thé blanc a été plus actif par rapport aux deux autres types de thé. La réduction des taux de glucose et de cholestérol a été plus importante, avec une hausse respective de 17,7 % et 32,4 %. Il a aussi noté que les polyphénols de ce thé ont amélioré la capacité de liaison aux récepteurs de LDL (LDLr), à hauteur de 40 %, contre 20 % seulement pour le thé vert et 0 % pour le thé noir. Ce n’est pas tout, une augmentation du niveau de HDL d’environ 33,3 % a été aussi constatée, et l’activité des enzymes lipases –qui se chargent de la transformation de glycéride en glycérol– a été inhibée.
Conclusion, les extraits de ce thé sont bénéfiques à la santé des personnes atteintes du syndrome métabolique (8). Des études cliniques plus approfondies chez des modèles humains demeurent cependant nécessaires avant de valider ces effets hypoglycémiant et hypolipidémiant.
Quels sont ses autres bienfaits sur la santé ?
Une revue scientifique compilant les bienfaits du thé blanc a aussi parlé de ses bienfaits sur les dents. Contrairement au café qui est mauvais pour la santé dentaire, cette boisson constituerait un excellent remède de prévention contre la formation de plaques dentaires grâce à sa teneur en fluor, d’après le recherches menées par le Pace University. Ses principes actifs possèderaient aussi des actions bactériennes et virales.
Le Professeur et microbiologiste du Département de biologie de Pace University, Milton Schiffenbauer, auteur de la dite étude, a aussi souligné que ce thé a la capacité à booster le système immunitaire. Il nous faut d’autres preuves scientifiques toutefois avant de confirmer ici ces différentes propriétés médicinales.
À l’instar du thé blanc, le ginseng peut aussi agir sur le système immunitaire. Pour choisir au mieux votre produit, vous pouvez vous référer à notre guide d’achat sur le ginseng rouge bio :
Une toute autre recherche menée par les chercheurs de l’Université de l’État de l’Oregon a permis de découvrir la capacité de ce thé à prévenir le cancer du côlon chez des souris de laboratoire génétiquement prédisposées au cancer (9). Cette étude clinique conduite sur des modèles animaux ne permet pas malheureusement de confirmer l’efficacité de ce thé à prévenir le cancer chez l’homme.
Bien choisir son thé blanc
Ce thé est proposé sous différents formats sur le marché, dans des sachets à infuser qui sont plus faciles à utiliser, en feuilles, en briquettes faites de feuilles comprimées ou encore en poudre. Quel que soit le choix, mieux vaut opter pour les thés fabriqués selon les techniques traditionnelles chinoises. Cette boisson perdrait, en effet, tous ses bienfaits si les matières premières utilisées, le temps de récolte, la technique de séchage et la méthode de stockage ne sont pas respectés. Donc, bien vérifier le processus de fabrication avant d’acheter. Les marques fiables n’hésitent pas à en parler.
Les boissons à base de thé ne peuvent pas remplacer ces thés en feuilles, car trop pauvres en principes actifs.
Conseils pour boire du thé blanc
Pour profiter de tous les bienfaits du thé blanc et conserver son goût délicat, ces quelques points doivent être respectés :
– Utiliser de l’eau pure et inodore. Une eau de source en bouteille est préférable à l’eau distillée qui peut donner un résultat trop fade ;
– Porter l’eau une seule fois à l’ébullition ;
– Utiliser une tasse et une théière en porcelaine, pour apprécier la fraîcheur et le véritable goût du thé ;
– Attendre que la température de l’eau soit à 70-80°C avant d’ajouter les délicates feuilles, autrement elles perdent tous ses principes actifs ;
– Ne pas ajouter de lait pour éviter de diminuer l’absorption des catéchines ;
– Respecter les doses indiquées par le fabricant et le temps d’infusion, qui oscille en moyenne entre 3 et 5 minutes. Ne pas hésiter à demander l’avis d’un thérapeute en cas de doute.
Références
(1) Hui YH, Meunier-Goddik, Lisbeth, Slovejg Hansen, Ase. « Handbook of Food and Beverage fermentation technology » Press.p.1000, 2004.
(2) Gow-ChinYen, Pin-Der Duh, Hui-Ling Tsai. « Antioxidant and pro-oxydant properties of ascorbic acid and gallic acid », Food Chemistry, vol.79, 2002, p.307-313.
(3) Chen L, Yang X, Jiai H, Zhao B. « Tea catechins protect against lead-induced cytotoxicity, lipid peroxidation, and membrane fluidity in HepG2 cells ». Toxicological sciences, 69(1), 149-156.
(4) Jing-Ming Ning, Ding Ding, Ya-Sai Song, Zheng-Zhu Zhang, Xianjingli Luo, Xiao-Chun Wan. « Chemical constituents analysis of white tea of different qualities and different storage times ». Dec 2006, volume 242, pp 2093-2104.
(5) Santana-Rios G, Orner GA, Amantana A, Provost C, Wu SY, Dashwood RH. « Potent antimutagenic activity of white tea in comparison with green tea in the Salmonella assay ». Mutat Res.2001 Aug 22;495(1-2):61-74.
(6) Dossier : « Les cellules de soutien de Sertoli: Fonction, mode d’action et sécrétion hormonale ». Embryology, novembre 2014.
(7) Martins AD, Alves MG, Bernardino RL, Dias TR, Silva BM, Oliveira PF. « Effect of white tea (Camellia sinenis L.) extract in the glycolitic profile of Sertoli cell ». Eur J Nutr.2014 Sep;53(6):1383-91.
(8) Tenore GC, Stiuso P, Campiglia P, Novellino E. « In vitro hypoglycaemic and hypolipidemic potential of white tea polyphenols ». Food Chem.2013 Dec 1;141(3):2379-84.
(9) Dossier : « Health Benefits of white tea », Pacific College of Oriental Medicine’s Holistic Health programs, 2014.