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Sclérose tubéreuse de Bourneville

Qu’est ce que la sclérose tubéreuse de Bourneville ? Quelles sont les causes de cette pathologie ? Quels sont ses principaux symptômes ? Comment la traiter ? Pour apprendre plus sur cette maladie, veuillez continuer votre lecture. Attention cependant, les traitements résumés à la fin de l’article ne remplacent pas des avis médicaux.

Présentation de la sclérose tubéreuse de Bourneville

sclérose tubéreuse

La sclérose tubéreuse de Bourneville est une pathologie multisystémique qui se caractérise par l’apparition de néoplasies bénignes en divers endroits de l’organisme. Des atteintes cardiaques, rénales, cutanéo-muqueuses, cérébrales, pulmonaires et rétiniennes figurent, entre autres, parmi les plus fréquemment rencontrées. La sévérité des symptômes varie alors d’un cas à l’autre et selon la partie du corps affectée. Lors des complications les plus graves, cependant, l’affection peut être fatale suite à un dysfonctionnement de l’organe touché ou à une hémorragie interne. Chez l’enfant, elle peut conduire à d’importants troubles de développement.

Également connue sous le nom d’EPILOIA (EPIlepsy LOw Intelligence Adenoma sebaceum), cette affection est due à une mutation génétique. Dans plus du tiers des cas, il s’agit d’une affection héréditaire à transmission autosomique dominante. La présence du gène muté chez un seul parent suffit alors pour développer la maladie avec un risque de plus de 95%. Dans le reste des cas, la mutation survient au cours de l’âge adulte. Pour ce qui est, en outre, de sa prévalence, cette pathologie concerne près d’1/6000 des naissances à l’échelle mondiale, et plus de 100 nouveau-nés par an dans certains pays européens.

Causes de la sclérose tubéreuse de Bourneville

Le syndrome de Bourneville est une pathologie due à une mutation génétique, qui peut être acquise de trois manières :

– Par l’hérédité. Le gène muté est porté par un autosome. Il suffit alors d’avoir un des parents porteurs de la mutation pour qu’il y ait expression de la maladie. La pénétrance, c’est-à-dire le risque d’être malade en étant porteur de l’anomalie, semble toutefois incomplète. Près de 5% des sujets restent, en effet, en bonne santé malgré la présence de cette anomalie génétique ;
– Par mutation de novo. La maladie affecte dans tel cas un sujet dont aucun des parents n’est porteur d’un gène défaillant. La mutation survient dans tel cas soit dans les spermatozoïdes ou l’ovocyte des parents soit au niveau de l’œuf fécondé. Il s’agit de la cause la plus fréquemment rencontrée de cette affection de Bourneville ;
– Par mutation en mosaïque. Dans les cas dits frustes, aucune mutation n’est observée alors que le diagnostic est suspecté. Certaines de ces formes s’expliquent par la coexistence de gènes sains et défaillants dans un individu. L’affection est dite en mosaïque et concerne près de 15% des cas.

Les mutations qui peuvent être à l’origine du syndrome de Bourneville concernent deux gènes suppresseurs de tumeurs. Ils codent pour la tubérine et l’hamartine qui assurent la régulation du développement et de la multiplication des cellules. Chez les sujets atteints de cette pathologie, une importante baisse de la quantité de ces protéines est observée au niveau des organes affectés.

Manifestations de la sclérose tubéreuse de Bourneville

Les symptômes de la sclérose tubéreuse varient selon le sujet et en fonction des organes affectés par les tumeurs bénignes. Les plus fréquemment rencontrés sont notamment :

Signes cérébraux

En cas d’atteinte du cerveau, des lésions calcifiées qui se forment sur le cortex cérébral peuvent conduire à :

– Une épilepsie qui survient dans près de 75% des cas de syndrome de Bourneville et se manifeste avant l’âge de 1 an chez plus de 66% des malades. Elle débute souvent par des spasmes durant l’enfance puis tend à devenir des crises partielles et parfois généralisées ;
– Un retard du développement mental et psychomoteur secondaire à une épilepsie généralisée. Observé dans plus de 40% des cas, tel retard peut entre autres concerner le langage, le développement de la coordination motrice, la mémoire, l’appréhension des chiffres, l’attention ;
– Des atteintes psychiatriques telles que l’autisme chez l’enfant, une schizophrénie ;
– Des troubles de la circulation sanguine pouvant entrainer une hypertension artérielle intracrânienne, un anévrisme qui est une poche se formant sur la paroi d’une artère ;
– Une hydrocéphalie en cas d’obstruction du passage du liquide céphalorachidien.

Signes cutanés

Une atteinte cutanée conduit à l’apparition sur la peau de lésions dont les formes les plus fréquentes sont :

– Des taches dépigmentées retrouvées dans la majorité des cas. Apparaissant avant l’âge d’un an, elles sont difficilement distinguables sur une peau claire. Ces macules siègent surtout au niveau des racines des membres et sur le thorax ;
– Des angiofibromes de tailles variables touchant le visage et particulièrement le nez. De couleurs rouges, ils s’apparentent à des plaques fibreuses avec de nombreux vaisseaux sanguins. Ils commencent à se manifester au cours de l’enfance et peuvent causer des saignements et des gênes esthétiques chez le sujet ;
– Des tumeurs fibreuses sous-unguéales donnant à l’ongle touché des aspects hyperkératosiques ;
– Des lésions dites en peau de chagrin. Il s’agit de plaques pâles recouvertes de peau d’orange retrouvées surtout en haut des fesses.

Signes rénaux

Les lésions rénales que peut causer une sclérose tubéreuse sont notamment :

– La formation de tumeurs multiples et de grandes tailles au niveau des reins appelées angiomyolipomes. Leurs vaisseaux difformes présentent des anévrismes qui peuvent facilement se rompre et conduire à une hémorragie interne pouvant être fatale. Cette forme de lésion rénale touche plus de 60% des adultes ;
– L’apparition de kyste dans environ 20% des cas de la pathologie. En cas d’un grand nombre de kystes, la maladie se complique en une insuffisance rénale ;
– La survenue de tumeurs malignes des reins, mais qui reste toutefois rare. Elles se distinguent des autres atteintes par la rapidité de leur croissance.

Signes pulmonaires

L’atteinte pulmonaire la plus fréquente lors d’une sclérose tubéreuse est une lymphangioleiomyomatose qui touche surtout la femme jeune. Elle se caractérise par la formation de kystes secondaire à une multiplication anormale de cellules musculaires. Elle peut conduire à terme à une dyspnée (difficulté à respirer), un pneumothorax (épanchement de gaz dans la plèvre) voire à une insuffisance respiratoire pouvant être fatale.

Dans les formes dites sporadiques de la sclérose tubéreuse, certaines femmes ne manifestent que les symptômes pulmonaires associés à un angiomyolipome rénal.

Signes cardiaques

Les tumeurs connues sous le nom de rhabdomyomes concernent la moitié des cas du syndrome de Bourneville. Elles sont déjà présentes dès les premiers instants de la vie et deviennent plus rares avec l’âge. En général, elles ne conduisent à aucune grave complication sauf si elles se forment sur une zone pouvant affecter la circulation sanguine. Ce n’est que dans de rares cas que l’atteinte du cœur cause une perturbation de la fréquence du myocarde ou une insuffisance cardiaque.

Signes oculaires

Les tumeurs qui sont des hamartomes se manifestent dans environ 40% des cas du syndrome. Si la plupart sont asymptomatiques, les autres peuvent finir par se calcifier ou sont malignes.
Une autre atteinte oculaire lors d’une sclérose tubéreuse se caractérise par l’apparition au niveau de la rétine de taches dépigmentées. Elles peuvent être à l’origine de perturbations de la vision, voire d’une cécité.

Traitements naturels et classiques de la sclérose tubéreuse de Bourneville

Aucun traitement curatif n’est encore connu pour la prise en charge du syndrome de Bourneville. Les remèdes ne consistent essentiellement qu’à traiter les différents symptômes.

– Évitement de l’exposition au soleil :

Pour éviter de favoriser l’apparition des angiofibromes sur le visage, une publication recommande d’éviter toute exposition aux UV du soleil (1) ;

– Usage d’antiépiléptique :

La prise en charge des signes neurologiques repose surtout sur le recours à des antiépileptiques dont notamment la vigabatrine (2). Un dosage quotidien de 70 à 100 mg par kg est conseillé dans une étude pour ce traitement. Celui-ci devra, en outre, être débuté aussitôt que possible pour limiter les atteintes cognitives et comportementales (3) ;

– Embolisation

Pour la prise en charge des angiomyolipomes qui se forment sur les reins, une publication suggère le recours à l’embolisation. Cette technique consiste à obstruer les artères qui irriguent les tumeurs pour limiter le risque d’une hémorragie souvent mortelle. Bien que cette méthode ne présente que de rares complications, d’autres interventions peuvent être nécessaires si une nouvelle tumeur se forme sur le même rein ou en cas de réapparition de vaisseaux dans la lésion (4).

Le traitement de cette maladie relève uniquement de la compétence médicale. Il convient alors de consulter un médecin si ces symptômes se présentent, et d’éviter de faire de l’automédication.

Références

(1) Fiche de Vulgarisation : La maladie en question. Février 2015.
(2) Osborne HE, « Vigabatrin in the treatment of infantile spasms in tuberous sclerosis : Literature review .» J Child Neurol 1999.
(3) Chipaux M., et al. « Sclérose tubéreuse de Bourneville : Mise au point et actualité. », Épilepsie vol 21, 2009.
(4) Mourikis D. et al. « Selectibe arterial embolization in the management of symptomatic renal angiomyolipomas.», Eur J Radiol 1999.