Isomère de la lutéine, la zéaxanthine est un pigment naturel également réputé pour son effet bénéfique pour la vue. Quand recourir à ce supplément ? Quels sont ses bienfaits santé ? Découvrez dans ce billet ce que disent les scientifiques à propos des propriétés médicinales de cette molécule. Ces informations ne doivent pas être confondues à un conseil médical.
Tout comme son compère la lutéine, la zéaxanthine fait partie des 600 caroténoïdes découverts par l’Homme, et se trouve par ailleurs dans la liste des plus connus. À titre de rappel, ce sont des pigments naturels synthétisés par les végétaux, responsables de leur couleur orangée. Cette molécule assure de nombreuses fonctions aussi bien chez la règne végétale, qu’animale. Si chez les plantes, elle participe à la photosynthèse en captant la lumière du soleil et le transmet sous forme d’énergie à la chlorophylle ; chez l’être humain, c’est le second composant de la macula ou tache jaune (partie de la rétine se trouvant au fond de l’œil chargé de la captation des images). C’est la raison pour laquelle son usage est très recommandé pour lutter contre la DMLA ou Dégénérescence maculaire liée à l’âge.
Sommaire
Présentation de la zéaxanthine
Définition de zéaxanthine
Le terme zéaxanthine est tiré des deux mots grecs, qui sont « zea mays » signifiant maïs et « xanthos » ou jaune en français. Ce nom, littéralement traduit par « maïs jaune », lui a été attribué du fait qu’elle se trouve en grande quantité dans le maïs. C’est le pigment le plus abondant dans les graines de cette plante.
L’Homme n’est pas capable de synthétiser cette molécule, et doit par conséquent la puiser soit en mangeant des fruits et légumes riches en caroténoïdes, soit en prenant des suppléments. Dans la rétine de l’œil, ce pigment naturel prédomine la zone centrale de la macula, alors que la lutéine se concentre surtout sur la périphérie.
Propriétés physiques et chimiques
La zéaxanthine est un xanthophylle, un pigment naturel de couleur jaune qui appartient à la famille des caroténoïdes mais qui se distingue cependant du carotène par la présence d’atomes d’oxygène dans sa structure chimique.
C’est un isomère de la lutéine. Ces deux composés ont, en effet, la même formule chimique, à savoir C40 H56 O2. Leur seule différence réside dans la position de la double liaison à l’extrêmité de leur chaîne. Chez la zéaxanthine, la place de cette double liaison lui permet d’avoir deux centres chiraux, contre trois pour la lutéine. Elle possède donc 4 stéréoisomères grâce cette propriété, mais les deux formes 3R, 3’S et3S, 3’R sont identiques. La forme de zéaxanthine naturellement présente dans la macula est la forme (3R,3’R)-zéaxanthine. Le stéréoisomère (3R,3’S)-zéaxanthine y est aussi présent, qui n’est autre que la méso-zéaxanthine. Une très petite quantité de la forme (3S,3’S) peut être également retrouvée dans cet organe.
Cette molécule a un caractère lipophile et donc insoluble dans l’eau mais soluble dans les corps gras, tout comme la plupart des caroténoïdes.
Aliments sources de zéaxanthine
Les apports de zéaxanthine dans les aliments sont toujours combinés à ceux de la lutéine. Pour chaque portion de 100 g de ces produits, on peut donc trouver les quantités suivantes :
– 39 550 µg pour le chou frisé ;
– 12 198 µg pour l’épinard ;
– 8 440 µg pour les feuilles de navet ;
– 7 694 µg pour le chou vert ;
– 5 767 µg pour le cresson cru ;
– 2 593 µg pour les pois ;
– 2 312 µg pour la laitue ;
– 2 125 µg pour la courgette ;
– 1 590 µg pour le choux de Bruxelles ;
– 1 205 µg pour les pistaches ;
– 1 121 µg pour le brocoli ;
– 687 µg pour la carotte ;
– 642 µg pour le maïs ;
– 353 µg pour l’œuf dur ;
– 270 µg pour l’avocat.
Synthèse et utilisations
L’utilisation de la zéaxanthine pour maintenir une excellente acuité visuelle et prévenir les troubles oculaire est devenu très courante depuis quelques années. Dans les suppléments, cette substance active est souvent combinée avec son isomère lutéine pour une meilleure efficacité.
Comme il a été dit, l’organisme humain n’est pas capable de produire cette molécule. Sa synthèse se fait soit par extraction du Tagetes erecta ou la rose d’Inde, soit par synthèse enzymatique. Plusieurs scientifiques se sont déjà mis à étudier la biosynthèse de cette molécule chez les végétaux et les micro-organismes. Chez les bactéries Escherichia coli et les levures Saccharomyces cerevisiae, par exemple, sa production est issue de la bêta-carotène suite à l’action de l’enzyme bêta-carotène hydroxylase qui est capable d’ajouter à ce carotène un groupement hydroxyle (-OH). Comme il a été dit au départ, la zéaxanthine est un dérivé de carotène avec un atome d’oxygène. (1)
Cette xanthophylle est également utilisée en tant qu’additif alimentaire. Dans le Codex Alimentarius, ce pigment naturel porte le numéro E161h et est employé comme colorant alimentaire. Son usage dans ce domaine n’est plus nouveau, par contre il ne figure pas dans la liste des addititifs alimentaires pour l’Union Européenne. (2)
Rôles biologiques
La zéaxanthine joue de nombreux rôles importants aussi bien chez l’Homme, que chez les animaux et les plantes. Dans l’organisme humain, son lieu de concentration est la macula ; mais elle peut être aussi retrouvée à des teneurs plus réduites dans d’autres parties de l’œil, la peau et les autres tissus.
Au sein de la macula de la rétine, ce pigment naturel avec son isomère la lutéine assure la filtration de la lumière bleue et des ultraviolets, qui sont connus pour leurs effets délétères sur la vision. C’est aussi un antioxydant naturel puissant qui protège cet organe de la vue des radicaux libres.
Cet antioxydant est aussi visible dans les cellules photoréceptrices de l’œil qui sont particulièrement riches en acides gras polyinsaturés. Sa présence permet de prévenir l’oxydation de ces acides gras.
Au niveau des autres tissus comme la peau, cette molécule agit comme un protecteur en limitant les effets néfastes de certains facteurs du vieillissement cutané, comme les UV. C’est aussi un hydratant naturel, en maintenant le film hydrolipidique à la surface de la peau.
Les propriétés médicinales de la zéaxanthine selon la science
Une molécule capable de limiter le développement de la DMLA ?
La plupart des expériences scientifiques menées sur la zéaxanthine se sont surtout centrées sur ses actions contre les troubles oculaires. Ces essais cliniques ont, par exemple, mis en évidence sa faculté de prévenir la dégénérescence maculaire liée à l’âge ou ralentir son développement ; cette maladie qui touche actuellement pas moins d’1,3 millions de Français. Leurs résultats prometteurs nous laissent croire que cette molécule est un remède de premier choix dans le traitement de cette maladie dégénérative de la vue.
Ce document scientifique datant de 2014 a compilé les études les plus pertinentes à ce sujet, avec une intervalle de confiance de 95 % sur les résultats. Cette méta-analyse comprend au total 1 176 patients souffrant de DMLA de stade non encore avancé. Les suppléments de zéaxanthine et de lutéine administrés chez ces individus ont permis d’améliorer leur performance visuelle et limiter la perte de la vision centrale occasionnée par cette maladie. L’importance de la guérison dépend, cependant, en fonction des doses administrées. Tous ces essais cliniques ont parlé de la faculté de ce caroténoïde à augmenter la densité du pigment maculaire. (3)
Les résultats de ces différentes observations cliniques ont été très prometteurs, mais pour le moment cette molécule n’a pas encore été validée scientifiquement comme base de traitement de ce maladie oculaire.
Peut-elle réduire la cataracte ?
Un nombre appréciable de scientifiques s’est également mis à étudier l’effet de ce xanthophylle sur la cataracte ou l’opacification du cristallin, un autre trouble oculaire qui touche à la fois les sujets jeunes et âgés. C’est une autre cause de la cécité, en particulier dans les pays sous-développés où la malnutrition sévit.
La publication suivante est aussi une récapitulation de 6 essais cliniques les plus notables, ayant adopté des méthodes fiables et obtenu des résultats remarquables. Ces études comprenaient en tout 41 999 participants, dont 4 416 cas de cataracte. Les sujets testés ont reçu des doses variées de zéaxanthine combinées ou non à la lutéine au quotidien. Les résultats ont indiqué une réduction significative de la cataracte nucléaire, et peu importante des deux autres formes de cataracte, corticale et sous-capsulaire. La cataracte nucléaire, rappelons-le, est la forme la plus courante, se traduisant par l’opacification de la lentille due à des dépôts de pigments bruns. Une amélioration de plus de 3 % a été notée lorsque la dose utilisée a été augmentée de 300 µg par jour.
D’après les conclusions des chercheurs, la zéaxanthine et son isomère sont plus efficaces sur la cataracte nucléaire (4). Ces essais cliniques ont aussi abouti à des résultats particulièrement intéressants, mais il demeure encore tôt pour confirmer la capacité de cette molécule à traiter la cataracte. D’autres preuves scientifiques restent essentielles avant d’émettre une conclusion.
Peut-elle améliorer la fonction cognitive ?
Des scientifiques supposent que la zéaxanthine et la lutéine peuvent maintenir la structure du cerveau et protéger les neurones contre les effets néfastes du stress oxydatif chronique et de l’inflammation, grâce à leurs propriétés antioxydantes et anti-inflammatoires. Ils les ont donc utilisé dans divers essais cliniques afin de prouver ces faits.
Dans l’étude suivante, les effets de ces xanthophylles ont été testés chez des hommes et femmes d’âges avancés avec une fonction cognitive réduite liée à une perte de neurones. L’essai randomisé, à double insu, avec contrôle placebo comprenait au total 62 participants avec une moyenne d’âge de 73,7 ans, départagés en deux groupes. Le premier a reçu des gélules de zéaxanthine additionnée de lutéine d’une dose de 12 mg, et le second des placebos. Pour évaluer les performances fonctionnelles cérébrales de ces individus, les observateurs ont adopté la méthode CNS Vital Signs. C’est un ensemble de tests qui utilisent des outils informatiques pour détecter divers signes liés à des troubles cognitifs, neurodégénératifs, neuropsychiatriques et neurotraumatiques.
Les contrôles ont été réalisés trois fois au cours de l’expérience, au quatrième, huitième et douzième mois. Les résultats de ces évaluations ont montré que la supplémentation en zéaxanthine a permis d’améliorer les fonctions cognitives de ces sujets âgés, que ce soit au niveau de la perception, l’attention, le langage, la mémoire, le raisonnement ou encore la motricité. Cette molécule antioxydante a pu traverser la barrière hémato-encéphalique du cerveau et atteindre le système nerveux central – le lieu de traitement de l’information d’où émanent toutes les commandes motrices vers les organes exécuteurs –, en jouant un rôle protecteur. Cette molécule semble également avoir des effets bénéfiques sur les neurones (5). Le manque d’études observationnelles ne permet pas de confirmer pour le moment l’efficacité de cette molécule contre les troubles cognitifs. Il nous faut d’autres preuves scientifiques plus fiables et solides avant de conclure sur quoi que ce soit.
Quels sont les autres bienfaits de la zéaxanthine ?
À part ses pouvoirs de protéger l’organe de la vue et le système nerveux, la zéaxanthine revêtirait d’autres propriétés médicinales encore peu connues. Très peu de publications ont parlé entre autres de sa capacité à prévenir les maladies cardiaques. Cela doit être lié à son action antioxydante. La même revue scientifique a aussi avancé que cette molécule, avec l’aide de la lutéine, serait bénéfique pour la peau, en la protégeant du vieillissement prématuré et des effets délétères des UV. Ces xanthophylles réduiraient, par ailleurs, les risques de développer certains types de cancer, comme celui de la peau, des seins et des poumons (6). Le manque de données scientifiques ne nous permet pas pour l’heure actuelle de confirmer ces vertus médicinales.
Bien choisir sa zéaxanthine en gélules
Les marques de compléments alimentaires qui proposent de la zéaxanthine sont innombrables sur le marché, et notamment sur la Toile. Il convient de bien les choisir pour profiter de tous ces bienfaits listés ci-dessus. Quelques critères peuvent être pris en compte à cet effet :
– La zéaxanthine est toujours associée à la lutéine, pour une meilleure efficacité de ces molécules sur la vision. Il faut s’assurer toutefois que leurs teneurs sont élevées, car il faut dans les 10 à 20 mg de ces composés pour pouvoir prévenir et ou traiter la DMLA et les autres troubles oculaires.
– Vérifier qu’il s’agisse d’extrait et non de simple poudre de plante ou de fruits enrichis en zéaxanthine. Les poudres sèches ont une efficacité très réduite et ne pourront même pas apporter l’apport minimal exigé pour améliorer la vue.
– Préférer les suppléments microencapsulés, dont le système d’enrobage permet de bien protéger ce principe actif de la dégradation dans l’acide gastrique afin qu’il puisse atteindre l’appareil digestif et tous ses cibles.
Zéaxanthine : Quelle est la posologie efficace ?
La posologie indiquée pour profiter de ses pouvoirs médicinaux est de 1 à 2 mg par jour, couplée à une dose de 8 mg de lutéine au minimum. Comme il a été dit, il faut 10 à 20 mg de ces caroténoïdes par jour pour voir leurs réels bienfaits sur la santé.
Aucune interaction avec d’autres substances n’a été connue jusqu’à ce jour. Les publications scientifiques n’ont pas non plus rapporté des effets indésirables liés à son utilisation, même sur un usage prolongé allant de 6 à 12 mois. Toutefois, il est toujours conseillé de demander l’avis d’un professionnel de santé avant d’entreprendre un quelconque traitement. Attention, ces dosages sont juste à titre indicatif. Veuillez respecter les prescriptions de votre médecin. Veuillez noter par ailleurs que la prise de suppléments requiert une surveillance médicale.
Références
(1) Codex Alimentarius (1989). Noms de catégorie et système international de numérotation des additifs alimentaires. CAC/GL 36-1989, p1-35
(2) Liste des produits non classés comme additifs alimentaires pour l’Union Européenne. Directive 2008/128/CE.
(3) Liu R and al. « Lutein and zeaxanthin supplementation and association with visual function in age-related macular degeneration ». Invest Ophtalmo Vis Sci, 2014 Dec 16;56(1):252-8.
(4) Mal L and al. « A dose-response meta-analysis of dietary lutein and zeaxanthin intake in relation to risk of age-related cataract. » Graefes Arch Clin Exp Ophtalmom 2014.
(5) Billy R ans al. « Effets de la supplémentation lutéine/zéaxanthine sur la fonction cognitive des personnes âgées vivant dans unz communauté: Essai randomisé, à double insu et contrôlé par placebo ».
(6) Ribaya-Mercado JD and al. « Zeaxanthin and lutein and their potential roles in disease prevention ». J Am Coll Nutr, 2004.