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Lactoferrine

Considérée autrefois comme un simple chélateur de fer, la lactoferrine est pourtant une protéine multifonctionnelle. En effet, elle aurait la capacité d’intervenir dans différentes fonctions biologiques et serait notamment impliquée dans les mécanismes de défense de l’organisme. Que dit la science à son sujet ?  Cet article informatif vous présente les vertus médicinales de cette molécule d’après les recherches récentes. Il ne constitue en rien une prescription médicale.

Présentation de la lactoferrine

lactoferrine
La lactoferrine, une glycoprotéine aux bienfaits médicinaux multiples

La lactoferrine, abrégée Lf, est une glycoprotéine appartenant à la classe des transferrines, molécules chargées du transport du fer. Elle entretient une forte affinité avec ce métal. Cependant, contrairement aux autres transferrines de son genre, elle n’entre pas dans l’homéostasie martiale. Autrement dit, elle ne bloque ni l’absorption du fer par les intestins, ni empêche son relargage depuis les stocks de l’organisme.

Ce polypeptide fut isolé du lait de vache par Groves, en 1960. Chez l’homme, ce sont les épithéliums glandulaires qui se chargent continuellement de sa synthèse. On peut le trouver dans le lait maternel, la salive, les larmes, les sécrétions des organes reproducteurs et la bile. Sa teneur dans le lait humain est 5 à 10 fois supérieure à celle contenue dans du lait de vache cru et dans les laits maternisés.

Ses rôles dans l’organisme

Cette glycoprotéine assure d’innombrables rôles biologiques. Chez les sujets sains, celui-ci se place en première ligne dans le mécanisme de défense du corps pour assurer sa protection contre les invasions infectieuses. Ceci s’explique par son pouvoir à attirer le fer, un élément chimique très prisé par les envahisseurs pathogènes pour proliférer. La molécule est à même de lyser la paroi cellulaire de ces micro-organismes, causant ainsi leur désagrégation.

Selon certaines études scientifiques, la lactoferrine est aussi présente dans le système nerveux central, notamment dans la substance noire. Ce sont les cellules gliales, des cellules qui entourent les neurones et qui sont également responsables de la synthèse de myéline, qui assurent sa production.

Quels sont les bienfaits santé de la lactoferrine ?

Cette molécule assure-t-elle une activité anti-infectieuse ?

Son activité anti-infectieuse a été mise en avant au niveau scientifique. Cette glycoprotéine serait à la fois bactéricide, bactériostatique, virucide, et fongicide.

Le principal mécanisme par lequel cette molécule exerce son effet antibactérien est la privation de fer. Elle inhibe le développement et la prolifération de ces micro-organismes, en entrant en compétition avec leurs sidérophores par la séquestration de ce métal.

Pour ce qui est de son activité antivirale, celle-ci n’est pas encore vraiment élucidée. Des études ont cependant montré que la Lf pouvait agir sur les virus à ARN et ADN, en inhibant leur entrée et attachement dans les cellules. Elle semble également pouvoir empêcher la réplication du virus de l’hépatite C. (1)

Prise par voie orale, la Lf agit aussi comme un antifongique et est efficace dans le traitement de la candidose buccale. En effet, elle aurait la capacité d’absorber les levures, de déstabiliser leurs parois et de les induire en apoptose (2). Ces propriétés médicinales intéressantes nécessitent toutefois encore plus d’études cliniques sur l’homme. Les quelques observations menées sur des échantillons de cellules en culture ne nous permettent pas de conclure sur l’effet anti-infectieux de ce polypeptide pour le moment.

Possède-t-elle une activité anti-inflammatoire ?

Il se trouve que ce polypeptide est également un modulateur de la réponse inflammatoire. Selon certaines publications scientifiques, il pourrait moduler la synthèse de cytokines, ainsi que le recrutement des cellules immunes au niveau du site de l’inflammation. Sa prise permet à cet effet de prévenir un choc septique. Les chercheurs ont souligné les bénéfices de son utilisation dans le traitement de l’inflammation chronique de l’intestin, de l’arthrite rhumatoïde, de l’allergie cutanée et des maladies neurodégénératives (3). Les preuves scientifiques manquent cependant pour confirmer l’efficacité de ce polypeptide contre ces différentes maladies inflammatoires. Des études complémentaires sur l’homme doivent être conduites avant de conclure sur quoi que ce soit.

A-t-elle une action antioxydante ?

La lactoferrine est également un puissant antioxydant. Elle prévient la peroxydation des lipides sur le site de l’inflammation, en piégeant le fer produit par les espèces oxygénées réactives. Ce qui permet de prévenir et de limiter la destruction des membranes cellulaires. Dans une récente étude clinique, il a été constaté que la molécule avait pu améliorer le statut oxydant hépatique de 90 sujets souffrant d’hépatite C chronique (4). Le manque de données scientifiques ne nous permet pas pour l’heure actuelle de confirmer cette vertu médicinale.

La lactoferrine a-t-elle un effet anticancéreux ?

Certaines revues ont aussi parlé des effets de cette molécule sur le cancer. Elle exercerait un rôle de surveillance de la croissance cellulaire, luttant ainsi contre la prolifération des tumeurs et le développement des métastases. Ce pouvoir anticancéreux s’explique aussi par son potentiel immunomodulateur et son pouvoir à favoriser la cytotoxicité des cellules NK (ou natural killer). Il faut plus d’études cliniques toutefois avant de confirmer cette propriété anticancéreuse. Les quelques expériences menées sur des cellules en culture ne constituent pas de preuves suffisantes pour conclure sur cet effet.

Est-elle capable de réguler la croissance osseuse ?

Enfin, cette glycoprotéine participe activement dans la formation, le développement et la croissance osseuse selon la science. Il est capable de stimuler la multiplication des ostéoblastes, les cellules qui synthétisent la partie non minérale des os. Par ailleurs, il serait à même de bloquer la résorption ou destruction osseuse, en inhibant la formation des ostéoclastes. Des études supplémentaires sur des modèles humains demeurent essentielles pour vérifier et valider ces différents effets.

Dosage et précautions d’utilisation de la lactoferrine

Pour profiter des bienfaits et propriétés santé de la lactoferrine, il est conseillé de privilégier les suppléments fournis dans des gélules gastro-résistantes. Selon les produits, les dosages peuvent varier de 100 à 400 mg, et en termes de pureté on peut atteindre les 96 %. En fonction des indications du médecin ou du fabricant, il s’agira de consommer une à deux gélules par jour.

Ce complément alimentaire est proscrit chez les patients souffrant d’allergie aux protéines de lait. Les femmes enceintes ou allaitantes doivent consulter un professionnel de santé avant tout traitement. Pour votre santé, veillez à choisir un produit pur et de qualité. Pour le dosage, suivez uniquement les prescriptions de votre médecin traitant. Ne prenez aucun supplément sans surveillance médicale.

Références :

(1) Valenti P et al. « Lactoferrin : An important host defence aigainst microbial and viral attack. » Cell Mol life Sci, 2005.
(2) Jenssen H et al. « Antimicrobial properties of lactoferrin. » Biochimie 2009.
(3) Legrand D et al. « Lactoferrin a modulator of immunine and inflammatory responses. » Cell Mol Life Sci. 2005.
(4) Konishi M et al. « Lactoferrin inhibits lipid peroxidation in patients with chronic hepatitis C. » Hepatol Res. 2006.