La Phénylalanine est un acide aminé aromatique essentiel qui joue un rôle clé dans la synthèse d’autres acides aminés. Possède t-elle des propriétés médicinales ? Quand faut-il la prendre en complément à l’alimentation ? Trouvez dans ce dossier les particularités et les propriétés médicinales de ce composé d’après la science. Ce simple résumé d’études ne remplacent pas les conseils d’un professionnel de santé.
Sommaire
Acide aminé essentiel fourni par l’alimentation, la phénylalanine est connue pour ses rôles dans la synthèse de protéines, d’enzymes et d’autres acides aminés indispensables à l’organisme. Sous l’action de la phénylalanine hydroxylase, elle est convertie, par exemple, en tyrosine, un aminoacide qui intervient dans la biosynthèse de certains neurotransmetteurs comme la dopamine et la noradrénaline. Sa forme « L » fait partie des 22 acides aminés protéinogènes, tandis que son énantiomère « D » agit comme un analgésique. Ses codons sur les ARN messagers sont UUU et UUC.
Présentation de la phénylalanine
Propriétés physiques et chimiques
La phénylalanine, abrégée F et Phe, est acide α-aminé caractérisée par la présence d’un groupement phényle (un groupe fonctionnel aromatique de la famille d’aryles et dérivé du benzène) dans sa structure. Cette fonction constitue un résidu apolaire aromatique. Sa formule chimique est C9 H11 NO2 et sa masse moléculaire 165,192 g/mol.
Avec l’aspartate, cet acide aminé aromatique forme le fameux édulcorant très utilisé dans le domaine industriel pour sucrer les boissons et certains aliments, l’aspartame.
Dans le règne végétal, la phénylalanine est un précurseur des phénylpropanoïdes, groupe de composés organiques à effet protecteur contre les microbes, parasites et ultraviolets du soleil. Parmi ceux-ci, il y a par exemple les flavonoïdes, les coumarines et les stilbénoïdes.
Fonctions physiologiques
L’organisme n’est pas capable de produire de la phénylalanine. Cependant, une fois cet acide aminé aromatique ingéré, il se concentre au niveau du plasma sanguin et dans le cerveau, où il joue ses nombreux rôles.
Ses fonctions biologiques consistent surtout à former les protéines, certaines enzymes et quelques acides aminés importants. Comme il a été dit, c’est un précurseur direct de la tyrosine, qui entre dans la synthèse de catécholamines (neurotransmetteurs dont l’action est similaire à celle de l’adrénaline), d’hormones thyroïdiennes, et de mélanine (pigment biologique foncé responsable de la coloration des cheveux, des yeux et de la peau).
Principales sources
La phénylalanine se concentre à des teneurs variées dans les aliments riches en protéines. En moyenne, un adulte consomme 12,5 mg/kg de cet α-aminoacide par jour, soit 875 mg environ pour une personne de 70 kg. Les dosages peuvent, toutefois, être augmentés jusqu’à 5 g par jour, dans le cadre d’un traitement. Seuls les sujets souffrant de phénylcétonurie sont tenus de limiter la prise de cet aminoacide, du fait de l’absence de l’enzyme phénylalanine hydroxylase qui le transforme en tyrosine dans leur organisme. Donc, leur taux de phénylalanine est en excès, pouvant nuire au cerveau, provoquer des troubles neuropsychologiques et limiter la synthèse d’autres protéines cérébrales.
Voici une liste d’aliments les plus riches en cet aminoacide :
– Une portion de 100 g de soja grillé comprend 2 066 mg ;
– Du fromage parmesan de la même quantité, 1 922 mg ;
– Des noix, comme le pistache, graines de tournesol, grains de sésame, arachides, 870 à 1 730 mg environ ;
– De la viande de bœuf et de mouton, 1 464 mg ;
– Du poulet et de la dinde, 1 294 mg ;
– Chairs de poisson, dont le thon et le saumon, 1 101 mg ;
– Des œufs et produits laitiers, 680 mg ;
– Des haricots et lentilles, 531 mg ;
– Des céréales et blés complets, 300 mg.
Les propriétés médicinales de la phénylalanine selon les recherches
Ce composé a-t-il des effets positifs sur le vitiligo ?
Maladie cutanée caractérisée par une dépigmentation par plaques, le vitiligo demeure incurable jusqu’à l’heure actuelle. Les traitements consistent seulement à soulager les symptômes du malade. D’après certaines publications scientifiques, la phénylalanine a eu des effets bénéfiques sur cette pathologie.
Chez un échantillon de 200 patients, 100 mg/kg de cet acide aminé pris par voie orale, complétés par un traitement aux UVA du soleil, ont permis de repigmenter les zones de la peau atteintes. La durée du traitement ne doit pas, toutefois, être trop prolongée pour éviter une hyperpigmentation. Des crèmes à base de cet aminoacide ont été aussi efficaces (1). Les résultats d’études menées sur cet acide aminé ont été prometteurs. Toutefois, il manque encore de preuves scientifiques pour conclure sur son efficacité contre le vitiligo.
S’agit-il d’un coupe-faim ?
Certains scientifiques qui ont étudié cet aminoacide ont aussi remarqué son effet coupe-faim. L’expérience a été menée sur un groupe de femmes obèses et en surpoids. Les 32 sujets testés ont été départagés en 3 groupes et ont reçu respectivement, 10 g de cet acide aminé, 5 g de celui-ci avec 5 g de glucose, et 10 g de glucose, 20 minutes avant les repas.
Les observateurs ont constaté que les femmes qui ont pris une dose élevée de ce composé ont trouvé rapidement la satiété. Leur apport calorique de la journée a été réduit de 11 % en moyenne. En effet, cet acide aminé a stimulé la production de l’hormone peptidique sécrétée par la muqueuse du duodénum – la cholécystokinine – dont la principale fonction est de refréner l’appétit et déclencher la sensation de satiété. (2)
Des études complémentaires sur l’homme restent toutefois nécessaires pour confirmer cette propriété. Cet effet coupe-faim n’a été étudié que dans peu d’expériences scientifiques et sur un nombre restreint d’individu.
A-t-il des effets bénéfiques sur la sclérose en plaques ?
Quelques publications ont aussi rapporté l’effet bénéfique de cet acide aminé aromatique sur la maladie auto-immune, sclérose en plaques. Cette pathologie, à titre d’information, se manifeste par la dégradation progressive de la myéline (gaine d’isolation et de protection des fibres nerveuses), entrainant des troubles mentaux et physiques.
Dans cette expérience, 138 sujets souffrant de cette maladie ont reçu, soit de la vitamine B12 (1 mg par voie intramusculaire), soit de la Lofépramine (70 mg) et de L-phénylalanine (500 mg par voie orale 2 fois par jour), ou bien des placebos.
Les résultats de l’étude ont montré que la L-phénylalanine a optimisé l’effet de la Lofépramine, une substance couramment prescrite pour soulager les symptômes des troubles nerveux grâce à ses effets anxiolytiques et stabilisants. C’est un traitement d’appoint efficace pour soulager les symptômes de la sclérose en plaques, d’après les auteurs de la dite étude. (3)
Il nous faut d’autres essais cliniques menés sur l’homme avant de pouvoir confirmer ce bienfait. Ces quelques études ne suffisent pas en effet pour conclure qu’il s’agit réellement d’un traitement d’appoint efficace contre cette pathologie.
Bien choisir sa phénylalanine en gélules
Le recours aux compléments de phénylalanine n’est nécessaire que dans le cadre d’un traitement, ou d’une carence, qui arrive rarement en tout cas (due à la dénutrition, des régimes amaigrissants trop restrictifs, la maladie de Parkinson, des exercices physiques trop intenses, l’abus d’alcool, …). Les aliments que nous consommons au quotidien nous apportent, en effet, le dosage journalier essentiel au bon fonctionnement de l’organisme.
Son énantiomère L est proposée seule ou bien mélangée à d’autres acides aminés, pour combler les carences en acides aminés, freiner l’appétit ou bien stimuler la production de certains neurotransmetteurs. Il faut privilégier les compléments alimentaires dépourvus d’additifs chimiques.
Phénylalanine : Quelle est la posologie efficace ?
Le dosage de phénylalanine à prendre par jour est de 500 mg, soit une gélule. Il est conseillé de la prendre le matin, 20 mn avant le petit-déjeuner. Des dosages supplémentaires peuvent être prescrits aux sujets souffrant des maladies, mentionnées dans les paragraphes précédents.
Ce complément d’acide aminé est déconseillé aux femmes enceintes et allaitantes, ainsi qu’aux personnes ayant des problèmes de phénylcétonurie, d’insomnie, d’arythmie cardiaque, d’insuffisance rénale et hépatique, d’hypertension artérielle et de migraine chronique.
Les effets indésirables liés à sa consommation connus sont les nausées. Pour éviter tout problème de surdosage et d’intoxication, il est prudent de demander l’avis d’un professionnel avant de débuter un traitement. Il dangereux de prendre des compléments alimentaires sans l’autorisation de votre médecin et sans supervision médicale.
Références
(1) Sweetman SC (Ed), Martindale: La référence complète du médicament. London, Pharmaceutical Press (2009), p.1960.
(2) Phole-Krauza RJ et al. « Effets de la L-phénylalanine sur l’apport énergétique chez les femmes obèses ou en surpoids: Interactions avec le statut de contrainte diététique ». Appetite, juillet 2008; 51 (1): 111-9.
(3) Wade DT et al. « Une étude exploratoire randomisée et contrôlée par placebo de la vitamine B12, de la lofépramine et de la L-phénylalanine (le régime Cari Loder) dans le traitement de la sclérose en plaques ». J Neurol Neurosurg Psychiatry, septembre 2002; 73 (3): 246-9.